La seule voie du salut

« Repentez-vous et que chacun de vous soit baptisé »

Le salut : qu’est-ce que c’est ?

Pour la plupart de nos contemporains le salut n’est qu’un des restes bizarres du vocabulaire religieux de leurs aïeux ; ils ne font que sourire de pitié de l’entendre prononcer sérieusement. Pour des milliers d’autres le seul salut qui compte est tout matériel : pour la race humaine, la paix, la prospérité et les douceurs de la vie civilisée, et, pour l’individu, le pouvoir de mener à bien toutes ses entreprises. Parmi ceux qui ont jusqu’ici résisté à cette hérésie fondamentale des temps modernes qu’est l’humanisme, quelques-uns prétendent avoir déjà obtenu leur salut, dont ils se rappellent avec beaucoup d’émotion le jour, voire l’heure précise, tandis que la plupart font preuve d’une vague tolérance, espérant plus qu’ils ne le croient, que nous visons tous au même but, mais par des chemins différents, et que tout finira bien pour tous, sérieux et insouciants, croyants et incrédules, dévots et impies.

L’enseignement du Seigneur et de ses premiers disciples offre un contraste frappant avec ces diverses idées modernes. C’était pour eux une affaire de première importance que le salut, ainsi que le nom même du Seigneur nous le fait voir :

« Tu lui donneras le nom de Jésus ; c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés » (Matthieu 1.21).

De plus ils savaient exactement en quoi consistait ce salut : c’était en effet être sauvé du péché et de la mort — « salaire du péché » (Romains 6.23). C’est, au dire de l’ange, pour accomplir un tel salut qu’il était venu, et pour décrire sa mission l’apôtre Paul nous recommande la même « parole certaine et entièrement digne d’être reçue » : « Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs » (1 Timothée 1.15) — intention que comprendront facilement tous ceux qui croient que le péché est la désobéissance à la loi divine et que la mort en est la punition, le terme de la vie.

Ce n’est pas non plus pendant notre vie mortelle que nous jouissons complètement du salut — le Nouveau Testament nous le dit à maintes reprises et c’est là aussi le témoignage du sens commun. L’apôtre a bien raison de déclarer avec confiance :

« Désormais, la couronne de justice m’est réservée » ;

mais il ne porte pas encore cette couronne ; il doit attendre « ce jour-là », et alors il la recevra, de même que tous ceux « qui auront aimé son avènement » (2 Timothée 4.8). S’il est exact de dire avec Paul :

« Maintenant le salut est plus près de nous que lorsque nous avons cru » (Romains 13.11),

il faut néanmoins que les croyants veillent, de peur de déchoir de la grâce, et d’être eux-mêmes rejetés « après avoir prêché aux autres » (Galates 5.4 ; 1 Corinthiens 9.27). Tout en veillant, ceux qui sont en train d’être sauvés peuvent attendre le salut avec une humble confiance : puisque Christ est mort pour eux quand ils étaient des pécheurs, « à plus forte raison » maintenant qu’ils sont justifiés par son sang, ils seront « sauvés par lui de la colère » (Romains 5.9).

Une seule voie

Un examen attentif du Nouveau Testament nous défend de croire que la race entière finira par être sauvée. « Le salut final de tous les pécheurs, bon gré mal gré, répugne à la conscience morale » (Charles Secrétan : Lettre à Petavel-Oliff). Il faut choisir : d’un côté nous avons la tolérance, vertu moderne par excellence, de l’autre, les paroles franches, vigoureuses et dures de Christ. Sa doctrine a toujours un caractère exclusif. Ses disciples, disait-il, ne devaient pas ressembler aux publicains, aux gentils, aux pécheurs, au monde dans lequel ils vivaient mais dont ils ne faisaient pas partie. La porte est étroite et le chemin resserré qui mènent à la vie et il y a peu de gens qui les trouvent. Quelques-unes des vierges trouverons la porte fermée ; une partie de la semence ne donnera pas de fruit ; les boucs seront séparés d’avec les brebis ; l’ivraie sera brûlée ; les conviés qui ne portent pas d’habits de noces seront rejetés ; les serviteurs qui cachent l’argent de leur maître en seront privés; les rebelles et les ennemis seront tués au retour du roi ; ceux même qui auront fait profession de foi sans lui obéir, entendront ces paroles effrayantes : « Je ne vous ai jamais connus » (voir Jean 15.19 ; 17.9; Matthieu 7.13-14 ; Luc 13.24 ; Matthieu 25.10-12 ; 13.4-7, 19-22 ; Marc 4.3-20 ; Luc 8.5-7, 12-14 ; Matthieu 25.32-33 ; 13.30, 38, 40 ; 22.12, 13 ; Luc 19.24, 27 ; Matthieu 7.23).

Christ s’est-il trompé en parlant de la sorte ? Nullement. Enlevez tout ceci aux Évangiles et il en restera très peu. Notre sagesse, c’est d’admettre que dans tout son ministère, toutes ses paroles et toutes ses actions respirent cette même atmosphère de crise, de jugement, nous présentant toujours cette alternative formelle : le royaume préparé dès la fondation du monde, ou bien les « pleurs et les grincements de dents » (Matthieu 25.34 ; 8.12 ; 22.13 ; 24.51 ; Luc 13.28).

Cette doctrine du chemin unique se retrouve dans tout le Nouveau Testament. C’est l’apôtre Jacques qui explique que Dieu est en train de « choisir du milieu [des nations] un peuple qui porte son nom » (Actes 15.14). C’est Pierre qui le dit d’une voix qui ne permet pas de réplique :

« Il n’y a de salut en aucun autre ; car il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés » (Actes 4.12).

C’est Paul qui souligne la nécessité de devenir « sages à salut » d’une sagesse qui ne peut être la nôtre que par la connaissance des « saintes lettres » interprétées « par la foi en Jésus-Christ » (2 Timothée 3.15). En outre, les expressions limitatives foisonnent :

« Le Seigneur ajoutait chaque jour a l’Église ceux qui étaient sauvés (plutôt, d’après le grec : en train d’être sauvés) » (Actes 2.47).

Juifs et gentils, tous peuvent obtenir le salut, mais seulement « par la grâce du Seigneur Jésus-Christ » (Actes 15.11), et a condition d’être parmi « ceux qui lui obéissent » (Hébreux 5.9).

« Que ferons-nous ? »

Le seul chemin étroit a été annoncé par Pierre le plus clairement possible le jour de la Pentecôte. Aux Juifs qui lui avaient demandé ce qu’ils devraient faire pour se sauver « de cette génération perverse », il a répondu :

« Repentez-vous et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ » (Actes 2.40, 38).

Quant au baptême, dont la nécessité a été souvent contestée, nous allons examiner la question dans le détail. Par contre, il suffira d’expliquer très brièvement ce que c’est que la repentance, parce qu’elle est évidemment nécessaire, le salut étant conditionnel.

« L’affection de la chair est inimitié contre Dieu » (Romains 8.7). Si nous vivons « selon la chair », nous sommes tout simplement des créatures naturelles, méritant la mort. Pour plaire à Dieu et recevoir Sa grâce, il faut changer sa manière de penser et encourager les désirs de l’esprit : il faut se repentir. Quand nous avons reçu dans notre cœur « la bonne nouvelle du royaume de Dieu et du nom de Jésus-Christ » (Actes 8.12), tous nos désirs, nos ambitions, nos espoirs changent de direction. Celui qui tout à l’‘heure se fiait à lui-même, se prosterne désormais devant Dieu pour dépendre entièrement de Lui. Les soucis matériels sont remplacés par « l’attente patiente de Christ » (2 Thessaloniciens 3.5 – marge). Le sentiment de sa propre importance cède a l’influence de « la sagesse d’en haut qui est premièrement pure, ensuite pacifique » (Jacques 3.17). Nous cherchons dès lors « la cité qui a de solides fondements » (Hébreux 11.10). Il y aura toujours — cela va sans dire — une lutte acharnée entre le vieil homme et le nouveau ; celui-ci essuiera maintes défaites mais sa victoire est certaine si nous croyons en Dieu. Mais la repentance est indispensable : nous avons beau essayer de l’éviter. Nous devons ne pas nous conformer « au siècle présent » mais être [/i]« transformés par le renouvellement de l’intelligence »[/i] (Romains 12.2). Ce sont « les sentiments qui étaient en Jésus-Christ » qui doivent être les nôtres (Philippiens 2.5).

« Repentez-vous » : c’est une véritable voix de trompette que fait sonner d’abord Jean-Baptiste ; et après lui, Christ lui-même ; puis Pierre, déclarant pour la première fois, comme fait accompli, la résurrection du Seigneur; ensuite Paul, à « Damas, puis à Jérusalem, dans toute la Judée et chez les païens » et même chez les savants d’Athènes (Matthieu 3.2 ; 4.17 ; Actes 2.38 ; 26.20 ; 17.30). Personne ne peut s’y soustraire.

Mais le baptême, est-il nécessaire ?

C’est le premier des fruits « dignes de la repentance » (Matthieu 3.8 ; Luc 3.8), et d’une indispensable nécessité. Voilà ce que nous allons voir en consultant le Nouveau Testament.

Le baptême pendant le ministère de Christ

Quelques-uns des disciples avaient assisté au baptême de Jésus. Au début de son ministère, s’y étant préparé, il était venu exprès de la Galilée au Jourdain pour se faire baptiser de Jean-Baptiste. Quand celui-ci hésitait à s’y prêter, il avait insisté :

« Laisse faire maintenant, car il est convenable que nous accomplissions ainsi tout ce qui est juste. »

Lors de sa sortie de l’eau, Dieu avait approuvé son baptême et les disciples avaient entendu Ses paroles :

« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection » (Matthieu 3.15, 17).

Ils avaient ensuite accompagné Jésus dans la Judée, alors que Jean, avant d’être emprisonné, baptisait toujours à Énon parce qu’il y avait là beaucoup d’eau. Dans la terre de Judée les disciples, eux, avaient baptisé ceux qui avaient écouté la prédication de leur maître (Jean 4.1-3). Ils avaient ainsi appris à considérer comme chose établie et tout à fait naturelle que la prédication de l’évangile et la conversion fussent suivies du baptême. A la fin de son ministère, juste avant son ascension, ils avaient reçu de ses lèvres immortelles son dernier commandement :

« Allez par tout le monde et prêchez la bonne nouvelle à toute la création. Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné » (Marc 16.15, 16).

Après l’ascension

Dans les Actes des Apôtres nous les voyons obéir de plein cœur à ce commandement. L’évangile est prêché, d’abord aux Juifs, puis aux Samaritains ; ensuite à un prosélyte, à l’apôtre des païens, enfin aux païens eux-mêmes, et chaque fois le baptême suit la conversion.

C’est d’abord Pierre qui prêche à ceux qui ont crucifié le Christ. Il vient de recevoir le Saint-Esprit. Il les a convaincus de leur crime. Ils demandent :

« Hommes frères, que ferons-nous ? » Et Pierre de répondre :
[indent] « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés ».

Et voici le résultat :

« Ceux qui acceptèrent sa parole furent baptisés ; et en ce jour-là le nombre des disciples augmenta d’environ trois mille âmes ».

C’est seulement alors, après avoir été baptisés, qu’ils ont commencé a persévérer

« dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières ».

C’est de cette façon qu’ils se sont sauvés « de cette génération perverse » (Actes 2.37-42).

Les Samaritains, qui n’étaient ni Juifs ni païens, écoutèrent Philippe, acceptèrent son témoignage, puis, comme toujours, « hommes et femmes se firent baptiser ». Tout cela — la croyance et le baptême — voulait dire qu’ils « avaient reçu la parole de Dieu » (Actes 8.12-14).

Dans ce même chapitre un prosélyte, l’eunuque éthiopien, déjà adorateur de Dieu, déjà baptisé (selon le Talmud : La Grande Encyclopédie: « Le prosélyte circoncis, puis baptisé, était considéré comme admis dans l’alliance »), déjà assez dévot pour faire un long voyage à Jérusalem et pour étudier le prophète Ésaïe, écoute l’évangile, et dès qu’il voit de l’eau dans le désert, s’écrie :

« Voici de l’eau ; qu’est-ce qui empêche que je ne sois baptisé ? Philippe dit : Si tu crois de tout ton cœur, cela est possible. L’eunuque répondit : je crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu. Il fit arrêter le char ; Philippe et l’eunuque descendirent tous deux dans l’eau et Philippe baptisa l’eunuque. [Celui-ci], joyeux, [...] poursuivit sa route » (Actes 8.35-39).

Saul, persécuteur des chrétiens, ayant déjà quelque connaissance de la bonne nouvelle et des prétentions de Christ, est arrêté sur la route de Damas, aveuglé par une révélation spéciale du Seigneur , reçoit Ananias et recouvre la vue tant spirituelle que naturelle, et même avant de manger, quoiqu’il soit resté trois jours sans nourriture, est baptisé (Actes 9.17-19).

Puis, avant que l’histoire ne s’occupe des exploits de Paul, c’est Pierre encore une fois qui est choisi pour admettre dans l’église le premier païen. Corneille, déjà pieux et craignant Dieu, faisant beaucoup d’aumônes au peuple et priant Dieu continuellement, connaissait bien ce que Jésus avait fait, mais avait toujours besoin d’être éclairé plus exactement sur ce qui concernait la mort et la résurrection du Seigneur et sur ce qui lui restait toujours à faire. Il reçut le Saint-Esprit même avant d’être baptisé, pour persuader à Pierre qu’il ne saurait refuser de le baptiser même s’il était Romain.

« Alors Pierre dit : Peut-on refuser l’eau du baptême à ceux qui ont reçu le Saint-Esprit aussi bien que nous ? Et il ordonna qu’ils soient baptisés au nom du Seigneur » (Actes 10.2, 37-48).

De plus, l’apôtre des païens, ayant connu ce qu’avaient fait Jésus et ses disciples, ayant obéi lui-même à son commandement, et ayant été instruit par le Seigneur immortel pendant trois ans en Arabie, agit de la même façon. A Corinthe le récit semble appuyer sur ce qu’il y avait de naturel et d’ordinaire dans l’ordre des événements :

« … plusieurs Corinthiens, qui avaient entendu Paul, crurent … et furent baptisés » (Actes 18.8).

A Philippes, Lydie, quoique déjà dévote, a besoin d’ouvrir son cœur et de prêter attention à la prédication de Paul avant d’être baptisée (Actes 16.14, 15). La conversion du geôlier dans la même ville nous fait voir l’urgence de la situation. Voyant une preuve de la puissance de Dieu dans le tremblement de terre et se rendant compte de la nécessité d’être sauvé, il écoute la « parole du Seigneur », il croit en Lui et après, « il […] prit avec lui [Paul et Silas], à cette heure même de la nuit, il lava leurs plaies, et aussitôt il fut baptisé, lui et tous les siens » (Actes 16.25-34).

Le baptême est-il nécessaire ? Ce n’est pas là la question qu’on posait à cette époque-là ; elle aurait semblé tout à fait superflue. On posait plutôt des questions beaucoup plus convenables à notre triste état devant Dieu : « Que ferons-nous ? » « Qu’est-ce qui empêche que je ne sois baptisé ? » « Que faut-il que je fasse pour être sauvé ? » (Actes 2.37 ; 8.36 ; 16.30).

Le commencement du doute

C’est au IIe siècle qu’on a commencé à douter. Des sectes peu importantes ont refusé toute valeur au rite en insistant que c’est la vérité seule qui nous sauve et qui nous affranchisse. S’ils avaient voulu étudier les Écritures, celles-ci leur auraient révélé qu’il n’y a aucune puissance magique dans un simple bain d’eau ; que l’immersion d’une personne qui ne croit pas et qui ne se repent pas n’est nullement efficace ; qu’il faut naître et d’eau et d’Esprit (Jean 3.3- 10) ; que l’Église, selon Paul, doit être sanctifiée par la parole après avoir été purifiée par le baptême d’eau et que les chrétiens seront sauvés par « le baptême de la régénération et le renouvellement du Saint-Esprit » (Éphésiens 5.26 ; Tite 3.5) ; et enfin, selon Pierre, que ceux qui ont été régénérés par la résurrection de Christ et « par la parole vivante et permanente de Dieu », doivent aussi montrer dans le baptême « l’engagement d’une bonne conscience envers Dieu » (1 Pierre 1.23 ; 3.21). Mais ils n’ont pas compris tout cela et on a continué à douter, malgré le fait que la plupart des pères chrétiens parlent d’une seule voix pour nous assurer que le baptême est d’une indispensable nécessité.

A l’époque de l’église primitive, l’instruction était très sommaire. Au IIe siècle la conversion semble avoir été moins spontanée : on apprenait généralement pendant trois ans les doctrines chrétiennes : « celui qui aspirait à devenir membre de l’église dut auparavant être catéchumène pour être instruit dans la doctrine et préparé au baptême » (La Grande Encyclopédie). Au troisième siècle à Rome on administrait le rite à peu près de la même façon que notre communauté au XXIe siècle — sauf quelques petits détails qu’ils avaient ajoutés au rite primitif. Or nous comprenons facilement que dans une époque de persécution « des martyrs qui n’avaient point encore été baptisés ont enduré la mort pour confesser leur foi ; d’autres croyants, convertis à l’Évangile, aspirant au baptême, sont morts avant de l’avoir reçu… On considéra, dès le commencement, le martyre comme suppléant surabondamment au baptême » ; opinion qui doit sans doute évoquer notre sympathie. Ce qui importe pour nous, c’est qu’ils étaient certains qu’il leur fallait être baptisé, si cela était possible, et nous devons avoir la même certitude.

De nos jours des milliers de gens ne s’y intéressent pas du tout, tandis que quelques-uns sont vraiment perplexes. La cause : c’est qu’étant aveugles, ils ont été guidés par des aveugles.

Des changements du rite primitif

Deux changements importants ont enlevé toute valeur à la pratique orthodoxe. Le premier concerne la forme du baptême. Voici à ce sujet quelques faits incontestables :

(1) Le Nouveau Testament nous enseigne clairement que le baptême se faisait par l’immersion : les croyants étaient plongés dans le Jourdain, à Énon, par exemple, parce qu’il y avait là « beaucoup d’eau » (Jean 3.23).

(2) Les verbes grecs (baptizo et bapto) s’emploient pour décrire une ablution totale ; tandis que pour une ablution partielle, c’est le verbe « nipto » qu’on emploie (voir Marc 7.3, 4, où le contraste est très marqué).

(3) Des trois verbes — verser, tremper, faire aspersion — que nous lisons au Lévitique 14.15, 16 (« Le sacrificateur prendra du log d’huile ; et il en versera dans le creux de sa main gauche. Le sacrificateur trempera le doigt […] dans l’huile, et il fera […] l’aspersion de l’huile devant l’Éternel »), ce n’est que le deuxième (tremper) que les Septante ont traduit par « baptizo » (250 ans avant J-C).

(4) D’entre quatorze traductions qui remontent a huit cents ans après Jésus-Christ, quatre emploient « baptiser », dix « immerger », tandis que pas une seule n’emploie le mot « asperger ».

(5) Calvin tranche la question, tout en pratiquant lui-même l’infusion : « Le mot baptiser signifie immerger : l’immersion était l’usage suivi par l’ancienne église » (Calvin : Inst. LIV, 15).

(6) La Grande Encyclopédie de résumer : « L’immersion, qui correspond à l’étymologie du mot baptiser (plonger) était le mode normalement et généralement usité pendant les premiers siècles ».

Malgré tous ces faits nous constatons que dans les églises traditionalistes on a substitué à l’immersion l’infusion et à l’infusion l’aspersion, et « l’immersion des croyants a été finalement remplacée par une goutte d’eau dont on humecte le front d’un petit enfant » (Petavel-Oliff : Le Problème de l’Immortalité, vol. I, p. 210). Quant à l’infusion, l’Abbé J. Corblet reconnaît qu’en France « il commence seulement d’en être question vers le milieu du XIIIe siècle » et « que le mode d’immersion » a été parfois employé — « même au XVIe siècle ». Mais il approuve le changement : « il ne serait plus permi aujourd’hui de baptiser par immersion dans l’Église latine » (Corblet : [/i]L’immersion et l’infusion baptismale,[/i] 1880, p. 40). Selon le docteur Schaff, « ce procédé d’infusion, accidentel d’abord, a fini, malgré de vives résistances, par être généralisé dans l’Église latine, qui l’a adopté pour des raisons de prudence et de commodité ». Quant à la prudence, cela nous semble d’une imprudence sans pareil que de désobéir de propos délibéré aux commandements formels de Dieu. Quant à la commodité, nous répugnons à penser qu’il soit plus commode de verser de l’eau sur la tête d’un petit bébé qui dort ou qui crie à pleins poumons que de plonger sous l’eau un croyant adulte. Mais nous répugnons encore plus à accepter comme critère de la vérité la commodité humaine. Selon le dire de Petavel-Oliff : « motif de convenance n’est souvent que de la mollesse » (Op. cit., vol. 1, p. 218).

Le deuxième changement concerne l’âge du baptisé. Voila de nouveau des faits incontestables :

(1) Il n’y a pas un seul exemple dans le Nouveau Testament d’un enfant qui reçoive le baptême. Christ avait trente ans lors de son baptême. On lit à plusieurs reprises : « hommes et femmes ». Certes des ménages ont été baptisés mais ils avaient déjà fait preuve de leur foi (Actes 5.14 ; 17.4, 12 ; 22.4 ; 16.15 ; 1 Corinthiens 1.16). « Il est question dans les Actes et les Épîtres des Apôtres de baptêmes administrés à des familles entières, mais rien ne prouve que les enfants y soient compris ; d’autant moins que la profession de foi en Christ y était toujours exigée. D’ailleurs les mots, oikos et oikia ainsi que familia en latin désignaient la réunion des maîtres et des serviteurs » (Chastel : Histoire de l’Église, tome I, p. 140).

(2) Nous apprenons des pères chrétiens que dans les premiers siècles on avait généralement 30 ans lors de son baptême. Quant au pédobaptisme, Tertullien « n’en parle que pour le condamner ». Il critique cet enseignement hâtif, disant qu’un enfant ne comprendrait pas ce qu’il faisait et ne ressentirait pas le besoin du baptême. Cyrille de même dit qu’un enfant ne saurait éprouver le désir du royaume céleste, la bonne résolution et l’espoir.

(3) La Grande Encyclopédie est très claire : « Il est évident que les premiers chrétiens qui furent baptisés étaient des adultes. Ce qu’on sait des conditions requises alors, de la préparation et du cérémonial de l’acte s’accommode difficilement avec l’idée de l’admission des petits enfants ».

(4) Selon Petavel-Oliff (Op. cit. p. 24), il n’y a qu’une seule mention du baptême d’un enfant au IIIe siècle. Au IVe, Augustin, tout en étant fils d’une mère pieuse, n’a été baptisé qu’à l’âge de 30 ans.

(5) Nous savons pourquoi le baptême des enfants est devenu commun. Au dire de M. Rousseau (Le baptême évangélique) : « A un christianisme devenu religion d’État, religion de la masse, il fallait un rite d’entrée qui fût pour tout le monde. » Ce changement se produisit à l’époque de Constantin.

En dépit de tout cela on admet que dans les églises traditionalistes ce n’est que très rarement que les adultes sont baptisés, et cela depuis des siècles. « Le fait que le nom de baptême est devenu synonyme de « prénom » démontre que le baptême des enfants est devenu général, mais pas dans l’église primitive » (Grande Encyclopédie). Du point de vue de l’âge, comme de celui du mode, notre conclusion est forcément celle de Petavel-Oliff : « Le rite traditionnel est une altération grave du baptême primitif » (Op. cit., p. 218), et, « telle qu’on la pratique aujourd’hui au sein des églises traditionnelles, cette cérémonie a l’inconvénient de favoriser du plus au moins l’idée superstitieuse d’un salut magique » (Op. cit., p. 211).

Mais mettant de côté ces altérations graves, nous devons répondre une fois pour toutes à la question : le baptême est-il nécessaire ?

Il y a des gens qui méprisent le baptême, sachant peu de la volonté de Dieu révélée dans les Écritures, et en faisant peu de cas. Avec de telles personnes il n’y a même pas lieu de discuter.

D’autres, au cœur simple, désirent faire la volonté de Dieu et comprennent en général Son plan de rédemption. Celles-ci seront convaincues par le récit détaillé de la pratique primitive que nous avons déjà donné.

Commandement divin formel
D’autres encore demandent à voir un commandement divin formel — demande qui n’est pas difficile à satisfaire. D’abord c’est Jésus qui le donne à Jean-Baptiste :

« Laisse faire maintenant » ;

et Jean de lui obéir sur-le-champ (Matthieu 3.15). Il en parle à Nicodème comme d’un devoir absolu et nécessaire qu’on ne peut pas éviter et qui ne dépend en aucune sorte de nos propres goûts :

« Il faut que vous naissiez de nouveau » (Jean 3.7).

C’est le dernier commandement du Seigneur avant son ascension : « Celui qui … sera baptisé sera sauvé » (Marc 16.15, 16).

C’est Saul, plus tard à qui le Seigneur annonce la nécessité de faire tout ce qui était déterminé pour lui — entre autres choses, et pour commencer, le baptême (Actes 22.10). Notons, finalement, Pierre qui ordonne à Corneille de se soumettre au baptême après que celui-ci l’a fait venir pour entendre ce qu’il doit faire (Actes 10.6, 33, 48). Cet ordre n’a pas cessé d’être valable.

La signification du baptême

D’autres encore veulent savoir la signification du baptême. Le Nouveau Testament en donne plusieurs explications. Nous en choisirons trois, celles de Paul et celle de Christ lui-même. Dans le chapitre 6 de l’Épître aux Romains, l’apôtre explique que le baptême est un symbole d’ensevelissement et de résurrection. Comme Jésus a été tué et enseveli et, après, est ressuscité, de même le disciple meurt au péché, est enseveli avec lui et ressuscite à une vie nouvelle. S’étant rendu compte de son péché et de sa mortalité et désirant cesser de servir le péché, il symbolise ce désir dans le baptême, par lequel il est associé au sacrifice de Christ et se joint à lui dans une vie nouvelle (Romains 6.1-11).

Le même apôtre, en écrivant aux Colossiens et aux Galates, développe le symbole d’un point de vue un peu différent : c’est un moyen de revêtir Christ. Pour que Dieu puisse nous regarder avec faveur, il faut que notre péché soit couvert, caché. C’est une idée que nous trouvons déjà dans le Psaume 32.1, quoique la traduction de Segond ne soit pas très claire :

« Heureux celui à qui la transgression est remise, à qui le péché est pardonné ».
En voici le développement postérieur :
[indent] « Vous tous, qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ » (Galates 3.27)
« [Vous avez] revêtu l’homme nouveau, … Christ est tout et en tous » (Colossiens 3.1, 8 12).

Nous portons désormais la robe blanche de la justice de Christ et nous devons la garder de toute souillure.

L’explication la plus fondamentale de la signification du baptême vient de Jésus lui-même. C’est une renaissance, une régénération. Voici quelque chose que Nicodème aurait dû savoir. Ce qui naît de la chair est chair, une créature mortelle qui doit périr. Pour vivre éternellement il faut faire partie d’une nouvelle création ; il faut naître de nouveau, d’eau et d’esprit. C’est plus qu’un devoir, c’est une nécessité spirituelle. On ne devrait pas s’en étonner (Jean 3.1-10).

Voilà donc la signification du baptême : nous mourons avec lui pour ressusciter avec lui ; nous le revêtons pour être couverts ; nous voulons renaître pour faire partie de la nouvelle création de Dieu. De nouveau nous voyons que seul le baptême par immersion peut convenablement symboliser tout cela. Selon M. Reuss : « Le baptême s’administrant par immersion, l’entrée dans l’eau pouvait représenter la mort et la sépulture du vieil homme. La sortie de l’eau correspondait à la résurrection du nouvel homme. On était ainsi baptisé en la mort de Christ… Il est évident qu’en présence d’une pareille conception du baptême, celui des enfants est exclu de la pensée et de l’horizon de l’apôtre ». Pour des raisons politiques Luther a accepté le baptême par aspersion mais il a décrit avec beaucoup de force un aspect du vrai baptême : « L’immersion dans l’eau signifie que notre vieil homme doit être chaque jour noyé avec ses péchés et ses passions et on doit le tenir sous l’eau, car le drôle sait nager ».

D’autres encore, rejetant les leçons du Ier siècle, les commandements formels de Jésus et l’explication donnée du symbole, se rabattent sur

Des arguments fondés sur le silence

Nous citons trois exemples.

(1) Les Évangiles, dit-on, ne font pas souvent allusion au baptême, celui de Jean ne racontant pas le baptême de Jésus lui-même, et nous ne savons pas avec certitude que les douze aient été baptises.

Il faut répondre d’abord que l’Évangile de Jean omet beaucoup de choses. Il choisit à dessein et les événements et les discours pour les arranger d’une façon impressionnante. Mais c’est lui seul, qui, tout en passant sous silence le baptême du Seigneur, nous en donne l’explication fondamentale (« il faut naître d’eau et d’esprit »). Pour ce qui est des Évangiles en général, il y est dit clairement que Jésus a baptisé au commencement de son ministère, et, à la fin, nous avons déjà noté son commandement formel, tandis que les deux premiers versets du chapitre 4 de Jean contiennent une expression très significative : « il faisait et baptisait plus de disciples que Jean ». Quant aux douze, quelques-uns d’entre eux avaient été disciples de Jean-Baptiste (Actes 1.21, 22 ; Jean 1.35 50). De plus, le disciple n’est pas plus grand que son maître, et il leur a fallu faire ce qui était nécessaire pour lui. Comment auraient-ils pu accomplir son dernier ordre s’ils n’avaient pas été baptisés eux-mêmes ? C’est le baptême « qui nous sauve », dit Pierre (1 Pierre 3.21), démontrant que lui-même et les autres avaient sans doute été « baignés » (Jean 13.10).

(2) On cite aussi ce verset bien-aimé : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jean 3.16) — et on dit que la croyance seule suffit, sans le baptême !

Mais comme cela est stupide ! Notons bien le contexte. Jésus vient de dire à Nicodème qu’il faut absolument être baptisé ! D’autre part, « croire en lui » veut dire, en grec « dans lui », avec la suggestion d’entrer dans le Christ par le baptême. Et pour ce qui est de ce mot « quiconque », nous en recueillons un écho très intéressant dans les Actes des Apôtres 10.43. Pierre y cite précisément Jean 3.16 :

« Tous les prophètes rendent de lui le témoignage que quiconque croit en lui reçoit par son nom le pardon des péchés ».

Et le résultat ?

« Il ordonna qu’ils soient baptisés » (verset 48).

(3) « Alors quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé » (Actes 2.21). Ces paroles sont pour certains la base d’un argument du même genre. Tout ce qu’il est nécessaire de faire, c’est d’invoquer le nom du Seigneur ; rien de plus. Mais qu’est-ce qui est arrivé immédiatement après ? Dans le même chapitre qui raconte ce discours de Pierre, nous lisons :

« que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ » (Actes 2.38).

Et cette expression — « invoquer le nom du Seigneur » — nous la rencontrons plus tard dans un contexte tout à fait charmant : « Lève-toi », dit Ananias à Saul, « sois baptisé, et lavé de tes péchés, en invoquant le nom du Seigneur » (Actes 22.15, 16). Nous repoussons catégoriquement la notion que l’invocation seule suffit sans le baptême.

Assurément, le baptême est nécessaire, voire indispensable. Presque chaque page du Nouveau Testament le prend pour chose établie. Nombre d’expressions, autrement, restent incompréhensibles. C’est un baptême qui n’a aucune validité s’il n’est pas précédé par une confession sincère et intelligente de foi en Jésus-Christ. (Nous notons l’exemple des disciples d’Apollos, qui ont été baptisés une seconde fois après s’être assurés que Jésus de Nazareth était vraiment le Messie qui devait venir (Actes 19.1 7).) Guidés par les Apôtres nous pouvons voir dans l’Ancien Testament maints types du baptême chrétien : le déluge, la traversée de la Mer Rouge, le lavoir du tabernacle, la guérison du lépreux Naaman (1 Pierre 3.20, 21 ; 1 Corinthiens 10.1, 2 ; Tite 3.5 ; 2 Rois 5.14). Oui, le baptême est d’une nécessité vraiment fondamentale et il n’y en a qu’un seul qui soit vrai (Éphésiens 4.4 6).

Ne demandons donc plus : « Le baptême est-il nécessaire ? ». Mais, au contraire, nous souvenant du témoignage du Ier siècle, des commandements formels de Christ et des Apôtres, des explications satisfaisantes qu’ils nous donnent de sa signification, de l’extrême faiblesse des arguments basés sur le silence, et du grand nombre d’allusions au baptême dans les deux Testaments, remercions plutôt Dieu d’avoir fourni ce moyen de salut et d’avoir compris combien le disciple serait encouragé en pouvant toujours se rappeler le moment où il s’était engagé dans le chemin étroit. Imitons les trois mille qui, à la Pentecôte, « acceptèrent [la] parole » de Pierre et « furent baptisés ». De même que le ministre de la reine Candace, faisons venir, nous aussi, un homme pour nous guider ; cherchons à comprendre ce que nous lisons ; croyons de tout notre cœur et ayant été baptisés, poursuivons notre chemin avec joie. Même si déjà dévots, comme Corneille, cherchons à savoir comme lui ce que nous devons faire, louons Dieu et obéissons à Son commandement d’être baptisé. Avec le geôlier de Philippes, crions « Que faut-il faire pour être sauvés ? », et sans aucun délai accomplissons la volonté de Dieu (Actes 2.41 ; 8.30, 31, 36, 39 ; 10.2-6, 47 48 ; 16.30).

Puis

« approchons-nous […] avec un cœur sincère, dans la plénitude de la foi, les cœurs purifiés d’une mauvaise conscience, et le corps lavé d’une eau pure. Retenons fermement la profession de notre espérance [...] d’autant plus que [nous voyons] s’approcher le jour » (Hébreux 10.22, 23, 25)

— jour du retour de notre Seigneur et du salut parfait dans son royaume.


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