Disciples de Christ au Vingtieme Siecle
“Simon Pierre, avec un autre disciple, suivait Jésus. Ce disciple était connu du souverain sacrificateur, et il entra avec Jésus dans la cour du souverain sacrificateur, mais Pierre resta dehors près de la porte. L’autre disciple, qui était connu du souverain sacrificateur, sortit, parla à la portière, et fit entrer Pierre. Alors la servante, la portière, dit à Pierre: TOI AUSSI, N’ES-TU PAS DES DISCIPLES DE CET HOMME? Il dit: JE N’EN SUIS POINT. Les serviteurs et les huissiers qui étaient là, avaient allumé un brasier, car il faisait froid, et ils se chauffaient. Pierre se tenait avec eux, et se chauffait. Le souverain sacrificateur interrogea Jésus sur SES DISCIPLES et sur sa doctrine. Jésus lui répondit: J’ai parlé ouvertement au monde; j’ai toujours enseigné dans la synagogue et dans le temple, où les Juifs s’assemblent, et je n’ai rien dit en secret. Pourquoi m’interroges-tu? Interroge sur ce que je leur ai dit ceux qui m’ont entendu; voici, ceux-là savent ce que j’ai dit ... Anne l’envoya lié à Caïphe, le souverain sacrificateur. Simon Pierre était là, et se chauffait. On lui dit: TOI AUSSI, N’ES-TU PAS DE SES DISCIPLES? Il le nia et dit JE N’EN SUIS POINT. Un des serviteurs du souverain sacrificateur, parent de celui à qui Pierre avait coupé l’oreille, dit: NE T’AI-JE PAS VU DANS LE JARDIN AVEC LUI? PIERRE LE NIA DE NOUVEAU. Et aussitôt le coq chanta.” Jean 18: 15-21, 24-27).
Que pensez-vous, cher lecteur, de Pierre? Est-ce que vous le blâmez, ou bien, est-ce que vous en auriez fait autant dans de pareilles circonstances, même dans des circonstances moins dangereuses? Voilà une question à laquelle nous devons tous essayer de répondre sincèrement. Mais laissons-la de côté à présent, pour diriger notre attention sur quelque chose de tout à fait certain, d’incontestable. C’est ceci: la plupart des Français, même aujourd’hui, se croient chrétiens, mais pas un sur mille ne se dirait disciple de Christ. Pourquoi?
Pierre, lui, était un disciple, sans contredit, le chef des douze par sa foi, son enthousiasme, sa protestation de loyauté, son indignation devant les souffrances de son Maître; c’est pourquoi ses fautes, sa faiblesse nous frappent aux yeux. D’ordinaire, il se proclamait disciple d’une voix qui ne permettait pas de réplique: “A qui irons-nous, dit-il, tu as les paroles de la vie éternelle.” (Jean 6, 68). “Nous avons tout quitté et nous t’avons suivi.” (Matt. 19, 27). Mais ici, dans la cour du souverain sacrificateur, ainsi que sur la mer, devant un grand danger physique (et en proie à une lutte intérieure), il eut peur et renia son Maître.
Quant à ceux qui se disent de nos jours chrétiens, quelques-uns sont de vrais disciples et auraient agi comme Pierre; beaucoup d’entre eux l’auraient fait à moins forte raison, de peur de se compromettre, de perdre leur réputation, ou d’encourir le mépris de leurs semblables; tandis que la plupart ne sont point disciples et leur peur de prétendre au titre est en réalité un indice de leur franchise. Ils se rendent compte que le mot “disciple” comporte l’idée de parenté beaucoup plus intime et beaucoup plus forte que celle dont ils jouissent—même ils ne la désirent pas. Tout en traitant donc de respect, voire d’admiration ceux qui s’appellent disciples de Sartre, par exemple, ou de n’importe quel autre philosophe, ils ne veulent point qu’on parle devant eux de disciples de Christ: cela les gêne.
CHRETIENS OU DISCIPLES?
Leur franchise est digne de louange: ce qui ne l’est pas, c’est la manière obstinée dont ils persistent à s’appeler chrétiens. Qu’est-ce qui explique cette ténacité?
Il y en a quelques-uns qui croient que seuls les douze s’appelaient disciples, tous les autres étant tout simplement chrétiens. Ce n’est point vrai. C’est le mot “disciple” qui est commun dans le Nouveau Testament, étant employé 269 fois: il y avait des multitudes de disciples, hommes et femmes, peu après l’ascension de Christ. (Actes 4: 32). Par contre, on ne rencontre le mot “chrétien” que trois fois et chaque fois il est employé d’une façon qui donne à penser.
1. “Ceux qui avaient été dispersés par la persécution survenue à l’occasion d’Etienne allèrent jusqu’en Phénicie, dans l’île de Chypre, et à Antioche. ... Ce fut à Antioche que pour la première fois, les disciples furent appelés chrétiens.” (Actes 11: 19, 26).
Ce sont leurs ennemis, paraît-il, qui leur ont donné ce sobriquet, pour qualifier, sans doute, des gens qui parlaient toujours de Christ. Alors, quand nous aimons, nous autres, à nous entendre appeler chrétiens, est-ce parce que nous appartenons à une secte peu populaire, ou parce que nous parlons très souvent de Christ? Est-ce que nous envisageons la possibilité d’être persécutés comme chrétiens si la tolérance religieuse venait à diminuer?
2. “Et Agrippa dit à Paul: Tu vas bientôt me persuader de devenir chrétien!” (Actes 26; 28).
Paul est en train de se défendre devant Agrippa et Festus, quand on l’interrompt, avec cette remarque, prononcée, peut-être, sur un ton ironique. Mais nous autres, chrétiens du vingtième siècle, est-ce que nous nous sommes jamais défendus en tant que chrétiens devant les autorités de l’état? Si nous avions à expliquer notre espérance chrétienne, le ferions-nous en citant l’Ancien Testament? Est-ce que nous comprenons autant qu’Agrippa même la véritable signification d’être chrétien,—qu’il ne suffit pas d’être né dans un pays soi-disant chrétien mais qu’il faut être pleinement persuadé.
3. “... Si quelqu’un souffre comme chrétien, qu’il n’en ait point honte, et que plutôt il glorifie Dieu à cause de ce nom.” (I Pierre 4: 16).
Quel verbe est-ce que Pierre emploie? Qu’est-ce que le chrétien doit faire? Il doit souffrir. Il parle d’une épreuve dure que les chrétiens devront traverser. Et nous, en nous appelant chrétiens, est-ce que nous pensons à la possibilité d’une telle épreuve? Malgré la tolérance moderne, on peut aisément imaginer des développements politiques qui la rendraient non seulement possible, mais certaine, pour les véritables chrétiens. D’ailleurs, on pourrait dire que l’on ne saurait être chrétien, quelles que soient les circonstances, sans souffrance—souffrance personnelle, individuelle, intérieure, sans doute, mais souffrance, quand même.
Il est clair que pas un de ces trois passages ne nous encourage à employer nonchalamment le mot “chrétien.”
D’autres encore pensent, paraît-il, qu’en se disant chrétien on se perd dans la foule. C’est dommage, parce que c’est justement la différence entre la foule et les disciples chrétiens qui ressort de presque toutes les pages du Nouveau Testament. On s’en aperçoit dans les expressions mêmes qui décrivent, dans les Evangiles, les rapports entre Christ et les siens. “Jésus SE RETIRA vers la mer avec ses disciples.” (Marc 3: 7); “Jésus leur dit: VENEZ A L’ECART dans un lieu désert.” (Marc 6: 31. Voir aussi Matthieu 14: 13; 17: 1; 20: 17). “Les disciples vinrent EN PARTICULIER lui faire cette question.” (Matthieu 24: 3). D’autres voulaient bien admettre: “Jamais homme n’a parlé comme cet homme.” (Jean 7: 46), “car il enseignait comme ayant autorité et non pas comme les scribes” (Marc 1: 22); mais la foule l’abandonnait quand il venait de leur dire des choses dures à supporter. D’autre part, il disait aux disciples: “Heureux sont vos yeux, parce qu’ils voient, et vos oreilles, parce qu’elles entendent.” (Matthieu 13: 16). Dans le sermon sur la montagne cette distinction est essentielle. Les disciples sont, ou devraient être, “le sel de la terre,” “la lumière du monde”; leur justice doit surpasser celle des scribes et des pharisiens; ils doivent faire plus que les autres; en faisant l’aumône, en jeûnant, en priant, ils ne doivent pas imiter les hypocrites; en cherchant d’abord le royaume de Dieu, ils ne doivent pas ressembler aux païens. (Matthieu 5: 13, 14, 20; 6: 1-9, 16-18, 33). Et ce contraste se révèle distinctement dans la prière que Jésus a prononcée la veille de sa crucifixion: “C’est pour eux (ses disciples) que je prie. Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m’as donnés, parce qu’ils sont à toi. ... Je leur ai donné ta parole; et le monde les a haïs, parce qu’ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde.” (Jean 17: 9, 14). Donc, si l’on veut se mêler à la foule en se croyant chrétien, il est à craindre qu’on ne le soit pas du tout.
Chez d’autres encore c’est la peur de sembler pharisaïque. “Un disciple, disent-ils, est un ange. Or, je ne suis pas un ange, moi, et quand même je le serais, je ne le dirais à personne.” C’est un raisonnement très souvent assez sincère, on ne voudrait pas le nier, mais tout à fait sans fondement réel.
Ce n’étaient pas des anges que les douze; loin de là. Jacques et Jean étaient ambitieux. Tous se querellaient dans la présence de leur Maître pour savoir qui était le plus grand (comme s’ils n’étaient pas tous des nains en comparaison de ce géant spirituel). Judas l’a trahi. Ils l’ont tous abandonné et se sont enfuis. Pierre l’a renié par trois fois. Thomas a douté de sa résurrection. En outre, les deux qui marchaient sur la route d’Emmaüs étaient tristes, et leur compagnon a dû leur reprocher leur manque de foi. Joseph d’Arimathée était disciple, mais en secret, de peur des Juifs. Nicodème n’est venu à Christ que de nuit. Il n’y a rien là d’angélique. Non: en s’appelant “disciple” qu’est-ce qu’on fait? On annonce tout simplement qu’on est en train d’apprendre quelque chose; voilà tout.
Et cette signification du mot “disciple” suggère plusieurs questions simples mais importantes qui nous aideront à préciser notre conception de la vie chrétienne.
QUI EST LE MAITRE?
Cette première question a l’air d’être superflue: un petit enfant pourrait y répondre: c’est Christ, naturellement. Mais qu’avons-nous dit en répondant si facilement à cette question-là? Non seulement c’est un maître que tout le monde reconnaît pour le plus grand maître qui ait jamais vécu, mais aussi c’est celui qui se dit fils de Dieu; qui nous apprend la vérité, encore plus, qui prétend être lui-même la vérité; qui est bien content que nous l’appelions “maître et seigneur” et qui veut que nous soyons comme lui: “Vous m’appelez Maître et Seigneur. Et vous dites bien, car je le suis; Si donc, je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres; car je vous ai donné un exemple, afin que vous fassiez comme je vous ai fait.” (Jean 13: 13-15). Le disciple chrétien jouit du privilège ineffable d’avoir pour maître un homme sans pareil, “puissant en œuvres et en paroles.” (Luc 24: 19).
QUEL EST SON SUJET?
C’est la vérité, la justice, la bonté, cette grâce et cette vérité qui “sont venues par lui.” C’est la révélation parfaite de son Père. Lui, la Parole de Dieu faite chair, nous montre le Père. Et tout cela, il l’enseigne en paroles qui ne sont pas de son propre cru mais qui viennent de Celui qui l’a envoyé. “Je dis ce que j’ai vu chez mon Père.” (Jean 8: 33). “La parole que vous entendez n’est pas de moi.” (Jean 14: 24). Son sujet, c’est l’exhortation de ses disciples à imiter son Père: “Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait.” (Matthieu 5: 48). Il nous montre la voie qui mène à la vie éternelle. C’est l’évangile du royaume de Dieu. Il annonce le jour à venir où la terre sera remplie de la gloire de Dieu, où Sa volonté sera faite par tout l’univers, où les fidèles jouiront du salut et de l’immortalité sur la terre. Voilà son sujet.
QUI PEUT ASSISTER A SON COURS?
Tout le monde sans exception: n’importe qui; “qui que ce soit”; tous ceux qui veulent, peuvent boire “l’eau de la vie.” Il n’y a pas d’argent à payer: “vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement.” (Matthieu 10: 8). Personne n’est exclu pour des raisons de race, de classe, ou de sexe: “il n’y a ni Grec, ni Juif, ni circoncis, ni incirconcis, ni barbare, ni Scythe, ni esclave, ni libre; mais Christ est tout et en tous.” (Colossiens 3: 11). Quant à l’âge, on n’est jamais trop vieux pour commencer mais on peut être trop jeune pour être disciple en vérité. En s’enrôlant, on accepte une invitation et pour pouvoir l’accepter on doit être capable de penser sérieusement: “Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur; et vous trouverez du repos pour vos âmes.” (Matthieu 11: 28-29). Les petits enfants ne sont ni fatigués ni chargés. Tout enfant, on ne peut pas prendre son parti, quoiqu’on puisse commencer à s’y préparer. Encore plus frappantes sont les paroles de Jésus qui suivent: (Luc 14: 26-33).
“Si quelqu’un vient à moi, et s’il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants ses frères et ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple. Et quiconque ne porte pas sa croix et ne me suit pas, ne peut être mon disciple.
Car lequel de vous, s’il veut bâtir une tour, ne s’assied d’abord pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi la terminer, de peur qu’après avoir posé les fondements, il ne puisse l’achever, et que tous ceux qui le verront ne se mettent à le railler, en disant: Cet homme a commencé à bâtir, et il n’a pu achever?
Ou quel roi, s’il va faire la guerre à un autre roi, ne s’assied d’abord pour examiner s’il peut, avec dix mille hommes, marcher à la rencontre de celui qui vient l’attaquer avec vingt mille? S’il ne le peut, tandis que cet autre roi est encore loin, il lui envoie une ambassade pour demander la paix.
Ainsi donc, quiconque d’entre vous ne renonce pas à tout ce qu’il possède ne peut être mon disciple.”
Cela nous choque, cela nous donne à penser jusqu’à la fin de notre vie de disciple. Nous aurons quelque chose à dire là-dessus plus tard; pour le moment tout ce que nous voulons prouver par ces paroles, c’est qu’il faut penser profondément et sobrement avant de bâtir notre maison sur le rocher de la foi en Jésus-Christ et avant de faire la guerre contre le péché en nous-mêmes, ce qu’un tout petit enfant ne peut pas faire.
QUELLES QUALITES faut-il avoir pour être admis au cours?
Il n’est point nécessaire d’être savant. En effet, si l’intelligence se joint à l’orgueil, il est impossible de devenir disciple. Judas a été peut-être le plus habile des douze.
“Considérez, frères, que parmi vous qui avez été appelés il n’y a ni beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles. Mais Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages; Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes; et Dieu a choisi les choses viles du monde et celles qu’on méprise, celles qui ne sont point, pour réduire à néant celles qui sont, afin que nulle chair ne se glorifie devant Dieu.” (I Corinthiens 1: 26-29).
La plupart des douze étaient pêcheurs; un d’entre eux était publicain. Non, pour apprendre, il faut—cela va sans dire—être docile. “Laissez les petits enfants, et ne les empêchez pas de venir à moi; car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent.” (Matthieu 19: 14).
“Je vous le dis en vérité, si vous ne vous convertissez et si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux.” (Matthieu 18: 3.) Et à certains égards, il faut rester enfant: “Frères, ne soyez pas des enfants sous le rapport du jugement, mais pour la malice, soyez enfants, et à l’égard du jugement, soyez des hommes faits.” (I Corinthiens 14: 20.) On doit avoir donc l’humilité, la simplicité et la docilité des enfants, et aussi on doit imiter leur confiance. Nous devons dire à notre Maître avec une sincérité complète: “Nous savons que tu es un docteur venu de Dieu.” (Jean 3: 2).
COMMENT SE MET-ON EN MARCHE?
Avec trois choses peu remarquables mais indispensables.
1) D’abord il y a LA CROYANCE. En ce qui concerne les principes fondamentaux, il faut se trouver dès le début en plein accord avec notre Maître. Nous devons accepter les axiomes de la religion chrétienne, savoir que l’homme est pécheur et partant mortel et incapable de se sauver;
que
Dieu seul est juste et immortel et qu’Il veut nous sauver;
que
Christ est le fils de Dieu; que par suite de son obéissance parfaite à son Père il a échappé à la corruption; qu’il est devenu immortel; et
que,
par la grâce de Dieu, si nous nous associons à lui, nous partagerons son immortalité quand il viendra ressusciter les morts, “juger les vivants et les morts,” et établir sur la terre le royaume de Dieu.
Presque chaque mot de ce court résumé de la doctrine chrétienne pourrait être longuement développé. Mais ces idées-là avec ce qui s’ensuit doivent nécessairement être acceptées dès le commencement. Non que nous devions comprendre parfaitement tous les détails de la doctrine de Christ et de ses apôtres; autrement nous ne serions plus disciples: il n’y aurait plus rien à apprendre;
tandis que le fait est que jusqu’à la fin, il y aura certaines choses que nous trouverons difficiles. Mais sur les éléments il faut que nous soyons d’accord avec lui; sans cela, pas de progrès possible, pas de communion réelle.
2) Croyant tout cela, nous sommes convaincus du péché; nous avouons que nous dépendons complètement de Dieu pour le salut et cela amène LA REPENTANCE: nous changeons entièrement notre conception de la vie; nos désirs, nos desseins sont tous changés: “Nous nous convertissons à Dieu, en abandonnant les idoles, pour servir le Dieu vivant et vrai et pour attendre des cieux son fils.” (I Thessaloniciens 1: 9-10.)
3) Et puis, c’est LE BAPTEME. Par l’immersion totale, nous sommes ensevelis avec Christ pour ressusciter avec lui, pour que nous menions une vie nouvelle. Nous devenons de petits enfants nouveau-nés, de nouvelles créatures. Nous recevons le pardon de nos péchés antérieurs et nous commençons à suivre les traces du Seigneur (voir Romains 6; Jean 3; Galates 3; Colossiens 3, etc.).
HESITATIONS
Croyance, repentance, baptême: liste très facile à réciter et à justifier d’après les Ecritures, mais tellement difficile à mettre en pratique, surtout quant on est isolé au milieu d’un peuple qui se croit déjà chrétien, d’une façon générale, après dix-neuf siècles de prédication “chrétienne.” On rencontre parfois des gens vraiment sincères, qui savent bien qu’ils ont trouvé la vérité à force d’étudier la Bible ou de suivre des séries de conférences religieuses, et qui se rendent parfaitement compte de leur devoir, mais qui hésitent longtemps à le faire; qui meurent même sans l’avoir fait.
Ce n’est pas là un problème moderne seulement. Nicodème, lui, savait bien que Jésus était “un docteur venu de Dieu.” Il avait de bonnes raisons pour le croire: “personne ne peut faire ces miracles, que tu fais, si Dieu n’est avec lui,” Ill alla même jusqu’à s’opposer aux ennemis de Jésus: “Notre loi condamne-t-elle un homme avant qu’on l’entende, et qu’on sache ce qu’il a fait?” Cependant, il ne venait à Jésus que de nuit. Car c’était “un chef des Juifs,” “le docteur d’Israël,” et il ressemblait à ces autres “chefs, dont plusieurs crurent en lui; mais, à cause des pharisiens, ils n’en faisaient pas l’aveu, dans la crainte d’être exclus de la synagogue. Car ils aimèrent la gloire des hommes plus que la gloire de Dieu.” (Jean 3: 2; 7: 51; 3: 10; 12: 42-43.)
Joseph d’Arimathée, lui aussi, “attendait le royaume de Dieu.” (Marc 15: 43.) C’était un “homme bon et juste, qui n’avait point participé à la décision et aux actes “des ennemis de Jésus.” (Luc 23: 51.) Envers les Romains il a fait preuve d’un grand courage: “il osa se rendre vers Pilate pour demander le corps de Jésus.” (Marc 15: 43.) Mais lui aussi, du moins, à une certaine époque, “était disciple de Jésus, mais en secret par crainte des Juifs.” (Jean 19: 38.) On voit que le problème existe depuis le ministère de Jésus; plus ou moins il existe pour tous ceux qui entendent l’appel de l’Evangile. Certainement ceux pour qui la lutte est moins dure, devraient essayer de comprendre ceux qui trouvent la bataille acharnée, leur témoignant autant de sympathie que possible et les aidant à surmonter les obstacles.
Cette sympathie-là est d’ailleurs éveillée très spontanément chez beaucoup de ceux qui ont remporté cette première victoire en te faisant baptiser: ils ont été eux-mêmes attirés pendant un certain temps par les attraits de l’église dite orthodoxe, et repoussés également par certains aspects du non-conformisme.
NE PEUT-ON PAS RESTER ORTHODOXE?
On peut aisément comprendre qu’il est très difficile de rompre les liens d’amitié et de communion qui nous attachent depuis longtemps à une communauté quelconque, de quitter un groupe dont on fait partie depuis des années, pour commencer une vie nouvelle dans une société moins nombreuse; et à mesure qu’on vieillit, cela devient de plus en plus difficile. Mais, quand en effet, on a déjà cessé de croire comme auparavant, l’ancienne communion est déjà interrompue; les liens sont désormais factices; et ce serait user de dissimulation que de rester silencieux sur des différends vraiment fondamentaux. On connaît sans doute des familles qui ne continuent à vivre en paix qu’à force de garder le silence sur tout ce qui compte dans la vie; et on sait combien peu on est satisfait de cette paix irréelle: ce n’est qu’un travestissement de la vie de famille. De même ce n’est qu’un semblant de communion religieuse qui peut suivre un changement de croyance fondamental. Si difficile que ce soit, on doit tâcher de se fier à la promesse de Jésus: “Il n’y a personne qui, ayant quitté, à cause de moi et à cause de la bonne nouvelle, sa maison, ou ses frères, ou ses sœurs, ou sa mère, ou son père, ou ses enfants, ou ses terres, ne reçoive, au centuple, présentement dans ce siècle-ci, des maisons, des frères, des sœurs, des mères, des enfants, et des terres, avec des persécutions, et, dans le siècle à venir, la vie éternelle.” (Marc 10: 29-30.)
La religion orthodoxe a d’autres attraits moins personnels mais à peine moins puissants pour certains esprits, et qui peuvent aisément nous tromper, au point que nous restons contents d’un faux système. On peut contempler avec un respect peu intelligent sa vieillesse et sa condition stable et apparemment immuable après tant de siècles. Mais on trouvera difficile de garder ce respect après un examen vraiment approfondi et honnête des détails de cette histoire. Il devrait être évident qu’on ne peut pas juger de la vérité d’une religion d’après son âge: le judaïsme est plus âgé que l’église orthodoxe et l’idolâtrie païenne plus âgée encore. Un vieillard corrompu est plus à blâmer qu’un jeune. “A la loi et au témoignage! Si l’on ne parle pas ainsi, II n’y aura point d’aurore pour le peuple! (Esaïe 8: 20): seule l’église est pure, qui satisfait ces conditions-là, quel qu’en soit l’âge.
On comprend également les sentiments de ceux qui cherchent le repos et la paix en se soumettant entièrement à l’autorité du pape ou d’un autre homme: trêve de questions, de doute, d’incertitude; l’intelligence doit se taire; on se décharge de son fardeau humblement—et aussi lâchement—sur ceux qui doivent savoir. Mais quelle paix trompeuse! On y trouve—dans le giron de l’église—le calme paresseux des désespérés; on y perd certainement le salut qui peut être le nôtre si nous suivons l’exemple des Juifs de Bérée qui étaient “plus nobles que ceux de Thessalonique; ils reçurent la parole avec beaucoup d’empressement et ils examinaient chaque jour les Ecritures, pour voir si ce qu’on leur disait, était exact.” (Actes 17: 11).
Pour d’autres encore l’église qui s’ appelle “orthodoxe” doit être par ce fait même celle qui pense correctement (ce que signifie “orthodoxe” à l’origine). Autrement dit, la majorité doit avoir raison. Les avantages d’une telle attitude sont évidents: plus de lutte entre nos responsabilités comme chrétiens et celles qui nous sont imposées comme membres d’une famille, comme citoyens. De plus, on est ainsi normal, avec rien qui nous fasse remarquer. C’est beaucoup plus confortable: cela se comprend. Cependant, d’une part, une des leçons les plus claires enseignées par l’histoire humaine, c’est précisément que la majorité a généralement tort; de l’autre, les paroles de Jésus ne nous permettent aucun doute là-dessus: “Entrez par la porte étroite. Car large est la porte, spacieux est le chemin que mènent à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par là. Mais étroite est la porte, resserré le chemin qui mènent à la vie, et il y en a peu qui les trouvent.” (Matt. 7: 13-14).
Quant au charme esthétique de l’église—son architecture, ses rites, sa musique, son beau langage—on peut apprécier tout cela, on peut même admirer le dévouement de ceux à qui leur foi a inspiré de
créer des œuvres d’art si magnifiques, sans admettre que ces choses-là sont une preuve de la vérité de leur religion. Qui oserait nier que la religion païenne de la Grèce ait produit des chefs-d’œuvre d’une beauté égale, quoique différente? Mais ces choses-là n’ont rien à voir avec la rédemption; l’art ne tient pas la clef de notre salut. En effet, s’il tend à nous contenter de ce que l’homme a accompli, il nous mènera plutôt à l’humanisme qu’à la foi en Jésus Christ. C’est à Athènes, devant les gloires de l’art païen, que Paul a annoncé la vérité qui seule peut nous sauver: “nous ne devons pas croire que la divinité soit semblable à de l’or, à de l’argent, ou à de la pierre, sculptés par l’art et l’industrie de l’homme. Dieu, sans tenir compte des temps d’ignorance, annonce maintenant à tous les hommes en tous lieux, qu’ils aient à se repentir.” (Actes 17: 29-30).
EXEMPLES DE NON-CONFORMISME
Ce n’est pas à dire que toutes les minorités aient nécessairement raison: loin de là. Toutes sortes de mobiles peuvent pousser un homme à se séparer de l’église orthodoxe: la fierté, l’opiniâtreté, l’esprit de rébellion, le désir de se signaler—ce qui est plus facile pour les talents médiocres dans une petite communauté—ou tout simplement l’amour de ses propres lubies. Mais cela ne veut pas dire qu’on peut éviter de telles fautes uniquement en restant orthodoxe. Si l’on examine avec soin les Ecritures on verra bientôt que tous les prophètes, Jésus-Christ lui-même et l’apôtre Paul ont résisté aux prétentions de ceux qui se croyaient les plus fidèles aux traditions religieuses de leur nation. Ils ont tous également cherché à rappeler leurs contemporains à des croyances véritablement correctes. Un seul exemple doit suffire. Paul était orthodoxe par naissance, par éducation, par son propre choix: “circoncis le huitième jour, de la race d’Israël, de la tribu de Benjamin, Hébreu né d’Hébreux; quant à la loi, pharisien: quant au zèle, persécuteur de l’église; irréprochable à l’égard de la justice de la loi.” Mais une fois éclairé par la lumière de la vérité, il a vu qu’il avait été jusque-là aveugle et toute sa religion orthodoxe est tombée de lui en un instant, avec les écailles qui lui sont tombées des yeux. “Ces choses qui étaient pour moi des gains, je les ai regardées comme une perte, à cause de Christ.” (Philippiens 3: 5-7). Lui-même, devant Agrippa, nous dira que la sincérité n’est pas assez. “J’ai vécu en pharisien, selon la secte la plus rigide de notre religion. . . . J’avais cru devoir agir vigoureusement contre le nom de Jésus de Nazareth . . .” Voilà ses origines. Il raconte sa conversion sur la route de Damas et il insiste qu’en réalité c’est lui qui est vraiment orthodoxe, que c’est lui qui comprend mieux que ses ennemis la vraie signification de leur rôle dans le plan de Dieu: “maintenant je suis mis en jugement parce que j’espère l’accomplissement de la promesse que Dieu a faite à nos pères et à laquelle aspirent nos douze tribus. . . . C’est pour cette espérance que je suis accusé par les Juifs.” Il cherche donc à corriger leurs fautes de compréhension, à combler les lacunes de leur intelligence religieuse, à déchirer les voiles de la tradition qui avaient obscurci la lumière primitive, pour les ramener à penser et à croire correctement, en abandonnant leurs fables orthodoxes: “j’ai subsisté jusqu’à ce jour, sans m’écarter en rien de ce que les prophètes et Moïse ont déclaré devoir arriver, savoir que Christ souffrirait, et que, ressuscité le premier d’entre les morts, il annoncerait la lumière au peuple et aux nations.” (Actes 26: 5-7, 22-23). (Voir aussi Esaïe 48: 1-2; 58: 2-3, pour la religion officielle; 58: 4-7 et 1: 11-15 pour le non-conformisme du prophète; 66: 5 pour son encouragement à tous ceux qui voudront suivre ses traces; 51: 1-2 pour son rappel à l’orthodoxie réelle et à la foi de leurs pères.)
Bien entendu, le prophète et l’apôtre ont agi à cet égard comme Christ lui-même, qui a qualifié d’ “hypocrites,” d’ “insensés et aveugles,” de “sépulcres blanchis” les représentants contemporains de la religion orthodoxe à qui il a reproché leurs longues prières peu sincères et leur pureté tout extérieure. (Matt. 23). Il ne s’attendait jamais à une conversion de toute la race humaine. Il savait bien que ses disciples seraient toujours “un petit troupeau” (Luc 12: 32) haï, persécuté, méprisé par le monde, même par ceux qui croyaient ainsi plaire à Dieu (Jean 16: 2; Luc 6: 22-26). Quand nous hésitons à lui obéir pour des raisons semblables à celles que nous venons d’examiner, nous devrions nous rappeler l’explication qu’il a donnée de leur manque de foi et nous demander si ce n’est pas là notre propre chef d’accusation: “Comment pouvez-vous croire, vous qui tirez votre gloire les uns des autres, et qui ne cherchez point la gloire qui vient de Dieu seul?” (Jean 5: 44).
IL FAUT CHOISIR
Ces saints exemples devraient nous faire voir que pour garder la vérité pure on doit être hérétique aux yeux de ceux qui, se croyant orthodoxes, sont eux-mêmes réellement hérétiques. Déjà au premier siècle, une lutte acharnée se livrait sur les confins de l’église entre le vrai et le faux. On ne devrait pas s’étonner de trouver qu’une fois l’influence des apôtres passée, l’eau de la doctrine est devenue de plus en plus trouble et partant la difficulté de trouver l’eau pure de plus en plus formidable. Impossible, en effet, d’y réussir sans remonter à la source—ce qu’un petit reste de fidèles a cherché à faire à travers les siècles. Paul avait averti du danger les disciples d’Ephèse: “il s’introduira parmi vous, après mon départ, des loups cruels, qui n’épargneront pas le troupeau, et il s’élèvera du milieu de vous des hommes qui enseigneront des choses pernicieuses, pour entraîner les disciples après eux.” (Actes 20: 29-30). Pierre, lui aussi, a prédit le même développement: “il y aura parmi vous de faux docteurs, qui introduiront des sectes pernicieuses. . . . Plusieurs les suivront.” (II Pierre 2: 1-2). Et ce déclin devait prendre une envergure immense avant l’avènement du Seigneur: “Il faut que l’apostasie soit arrivée auparavant et qu’on ait vu paraître l’homme du péché, le fils de la perdition, l’adversaire qui s’élève au-dessus de tout ce qu’on appelle Dieu ou de ce qu’on adore, jusqu’à s’asseoir dans le temple de Dieu, se proclamant lui-même Dieu. . . . L’apparition de cet impie se fera, par la puissance de Satan, avec toutes sortes de miracles, de signes et de prodiges mensongers, et avec toutes les séductions de l’iniquité pour ceux qui périssent parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés.” (II Thessaloniciens 2: 1-12). Voilà un avertissement des plus sérieux et que nous négligerons à notre péril. Combien il est important que nous ayons cet amour de la vérité et que nous demandions à Dieu le courage de faire notre devoir: “examinez toutes choses; retenez ce qui est bon” (I Thessaloniciens 5: 21).
FAUT-IL, APRES TOUT, CHANGER DE COMMUNION?
Mais ayant trouvé “ce qui est bon,” nous essayons très souvent d’éviter la décision que notre découverte nous impose: pourquoi ne pas rester dans la même communion qu’auparavant? Si l’erreur que nous y avons découverte est une erreur morale, cela est possible. En pareil cas, la vérité de Dieu étant acceptée comme base de communion et les doctrines chrétiennes étant restées pures, tous les membres ont une règle commune pour guider leur conduite; il n’y a aucune dispute sur le modèle à suivre et sur son fondement doctrinal: il y a seulement—comme il doit y en avoir, vu la nature humaine—des erreurs commises par de véritables croyants. La responsabilité d’une telle église est claire: “ne prenez point part aux oeuvres infructueuses mais plutôt condamnez-les.” (Ephésiens 5: 11).”Nous vous recommandons, frères, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, de vous éloigner de tout frère qui vit dans le désordre, et non selon les instructions que vous avez reçues.” (II Thessaloniciens 3: 6); (et cela, pour le recevoir de nouveau, si possible, dans le sein de l’église). Mais quand il s’agit d’un désaccord fondamental de croyance, de pensée, le cas est tout autre: impossible sur une base incertaine de mener à bien quelque entreprise que ce soit, de vivre en paix, de produire le fruit de l’esprit. Naturellement le phénomène moderne ne se produisait guère à la fin du premier siècle: à cette époque le gros de chaque assemblée restait encore fidèle à la doctrine qu’ils avaient reçue, de sorte que leur devoir pouvait être clairement défini: “Eloigne de toi (c’est le conseil donné à Tite qui avait été chargé de mettre en ordre ce qui restait à régler dans la communauté chrétienne de Crète) après un premier et un second avertissement, celui qui provoque des divisions; sachant qu’un homme de cette espèce est perverti, et qu’il pèche, en se condamnant lui-même.” (Tite 3: 10). Aujourd’hui le problème pour la plupart de nos lecteurs est l’inverse de celui-là: de se retirer comme individu d’une église qui a abandonné la vérité. Mais le résultat est le même: “Quiconque va plus loin et ne demeure pas dans la doctrine de Christ n’a point Dieu; celui qui demeure dans cette doctrine a le Père et le fils. Si quelqu’un vient à vous et n’apporte pas cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison, et ne lui dites pas: Salut! car celui qui lui dit; Salut! participe à ses mauvaises œuvres.” (II Jean: 9-10).
LES BASES DE LA COMMUNION CHRETIENNE
En d’autres termes, l’enseignement biblique sur la question de la communion est abondamment claire, quant aux principes à suivre; la juste manière de les mettre en pratique dans un cas particulier présente assez souvent des difficultés, vu la faiblesse de tous les membres sans exception et la nécessité de se montrer humble et miséricordieux envers les autres. Le mot français “église” provient du grec “ecclesia” et signifie l’assemblée de ceux qui ont été appelés à sortir de leurs groupements antérieurs: “Simon a raconté comment Dieu a d’abord jeté les regards sur les nations pour choisir du milieu d’elles un peuple qui portât son nom.” (Actes 15: 14). C’est par la prédication de l’évangile qu’Il a mis ce dessein en opération. Les individus écoutent la parole et y obéissent en se faisant baptiser: “grâces soient rendues à Dieu de ce que, après avoir été esclaves du péché, vous avez obéi de cœur à la doctrine dans laquelle vous avez été instruits.” (Romains 6: 17. Lire tout le chapitre). Et cet acte d’obéissance est d’abord un acte individuel, dû à Dieu lui-même; ce n’est que secondairement que ce même acte nous associe à tous les autres épars dans le monde entier et dans tous les siècles qui ont de la même façon exprimé leur foi en Jésus. Entre tous ceux-là il existe une communion étroite qui ne dépend nullement de nationalité, de proximité, et qui est bâtie sur la même base qu’au premier siècle: “Ceux qui acceptèrent sa parole furent baptisés; et, en ce jour-là, le nombre des disciples s’augmenta d’environ trois mille âmes. Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dane la communion fraternelle, dans la fraction du pain, et dans les prières.” (Actes 2: 41-42). Pour continuer dans cette communion il faut rester fidèle à l’enseignement des apôtres, et aussi “marcher dans la lumière,” c’est-à-dire suivre de près les commandements divins et soumettre toutes nos pensées, toutes nos paroles et toutes nos actions à l’examen de Christ: “si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes mutuellement en communion (autrement pas) et le sang de Jésus son fils nous purifie de tout péché.” (I Jean 1: 7). Voilà sans doute, le point culminant de toute la doctrine biblique sur le sujet de la communion: la lumière est sa condition indispensable; non pas la perfection morale, mais la lumière qui scrute toute notre conduite et qui nous ramène constamment à la voie de la vie. Tâcher d’élargir ces conditions, c’est inviter le désastre: “il y a un seul corps et un seul esprit, comme aussi vous avez été appelés à une seule espérance par votre vocation; il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, et parmi tous, et en tous” : en tous ceux qui acceptent ce seul salut. (Ephésiens 4: 4-6).
LA FIN DU COURS
C’est elle qui compte. En vue du retour de Jésus, nous veillons: “heureux ces serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera veillant.” (Luc 12: 37). Nous vivons en sobriété pour la même raison. L’examen approche. Ce sera plutôt un jour de révélation, de manifestation qu’une enquête. Le même chapitre qui donne un tableau du jugement souligne aussi dans la parabole des dix vierges la folie de différer nos préparatifs au dernier moment, tandis que celle des talents explique que plus nous sommes doués, plus nous serons responsables. (Matthieu 25). Et tout ceci produit chez nous de l’humilité, puisque pas un d’entre les disciples de Christ ne sera digne d’être reçu: quand même nous aurions fait tout ce qu’il nous a commandé de faire, nous serions toujours des serviteurs sans profit. (Luc 17: 10). C’est par la grâce que nous serons sauvés. Mais si nous lui désobéissons volontairement, nous entendrons les paroles terribles: “Partez de moi.” (Matthieu 7: 23). Dans toutes nos expériences c’est la joie qui nous inspire, l’espérance de devenir comme notre Maître quand il reviendra nous prendre à lui: “notre cité à nous est dans les cieux, d’où nous attendons aussi comme Sauveur le Seigneur Jésus-Christ, qui transformera le corps de notre humiliation, en le rendant semblable au corps de sa gloire, par le pouvoir qu’il a de s’assujettir toutes choses.” (Philippiens 3: 21-22). “Nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté; mais nous savons que, lorsque cela sera manifesté, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est. Quiconque a cette espérance en lui se purifie, comme lui-même est pur.” (I Jean 3: 2-3).
Alors nous ne serons plus disciples: nous aurons tout appris; nous connaîtrons comme nous avons été connus. (I Corinthiens 13: 12); “En ce jour-là vous ne m’interrogerez plus sur rien.” (Jean 16: 23). Voilà le but que visent les disciples de Christ. Ils rejettent les traditions des hommes pour serrer de près la seule tradition divine telle qu’elle est conservée dans les Ecritures. Ils refusent de se conformer à une orthodoxie hérétique, priant toujours d’avoir la force d’éviter que leur religion à eux ne devienne à son tour “une apparence de piété.” (II Timothée 3: 5). Ils se souviennent à tout moment qu’il ne suffit pas de penser correctement, de “dispenser droitement la parole de la vérité.” (II Timothée 2: 15); il faut aussi marcher droitement selon la vérité de l’évangile. (Galates 2: 14). Le seul but de tout non-conformisme vraiment chrétien, c’est le transformisme: “Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait.” (Romains 12: 2).
Avant le retour de Christ on demandera peut-être à quelqu’un d’entre nous, comme on l’a demandé à Pierre: “N’est-ce pas que vous êtes un de ses disciples?” Plaise à Dieu que nous puissions répondre humblement, tout en nous adressant des reproches sans doute, mais avec gratitude et avec joie: “Par la grâce de Dieu, je le suis.”
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