Le Père, le Fils, et le Saint-Esprit

« Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ »

Il n’est pas besoin de souligner l’importance capitale de ce sujet pour tous ceux qui désirent être des chrétiens authentiques:

« Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ » (Jean 17: 3). Voilà une connaissance vraiment indispensable! Refuser ou négliger de « connaître Dieu», c’est risquer le jugement:

« lorsque le Seigneur Jésus apparaîtra du ciel avec les anges de sa puissance, au milieu d’une flamme de feu, pour punir ceux qui ne connaissent pas Dieu et ceux qui n’obéissent pas à l’Evangile de notre Seigneur Jésus » (2 Thessaloniciens 1: 7, 8).

Pourtant, la plupart de nos contemporains, même de ceux qui se disent chrétiens, affichent une indifférence extraordinaire pour ce sujet indispensable. Ils croient assez vaguement au dogme de la « trinité », selon lequel Dieu est trois personnes — Dieu le

Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit — et en même temps une seule. Ce dogme veut que le Fils ait préexisté au ciel avant sa naissance de la vierge Marie, qu’il y ait meme une identité absolue d’espèce et de durée entre Dieu le Père et Christ le Fils; qu’il y ait non seulement égalité de durée mais aussi de puissance entre ces trois personnes. Mais la Bible garde un silence absolu sur ce dogme compliqué. Le mot « trinité » ne s’y rencontre point, ni les principes du dogme non plus. Il faut dire même que l’enseignement de la Bible à propos de Dieu, de Jésus-Christ et du Saint-Esprit paraît être tout à fait contraire aux idées « trinitaires ». Si les principes de ce dogme sont vrais, et indispensables même pour le salut, comme l’affirment la plupart des églises orthodoxes, n’est-il pas incroyable que la Bible non seulement les laisse douteux, sans les préciser en aucune façon, mais qu’elle enseigne même des principes contraires?

Un peu d’histoire

Quelle conclusion devons-nous tirer du fait que les « pères de l’église» des trois premiers siècles après Christ semblent ignorer tout à fait ce dogme? Il n’y a aucune divinité (dans le sens trinitaire) attribuée à Jésus avant Justin le Martyr (deuxième siècle), qui était le premier à enseigner que Jésus avait préexisté avant sa naissance. Tous les pères de l’église sont d’accord que Jésus n’a pas toujours existé mais seulement à partir d’un moment donné et par un acte de volonté du Père. La plupart des doctes chrétiens pendant les trois cents ans après la résurrection affirmaient l’infériorité du Fils au Père. Irénée (deuxième siècle) écrivit comme voici: « Le Père est avant tout, et est Lui-même le chef de Christ ». Tertullien (troisième siècle) niait l’éternité du Fils: « Il fut un temps où le Fils n’existait point. Le Père est plus ancien, plus noble et plus puissant que le Fils ». Origen (même époque) affirmait la même chose. Eusèbe (quatrième siècle), qui croyait posséder la foi ancienne des apôtres, dit: « Le Père donne... le Fils reçoit... le Fils n’est pas le Père, mais Son Fils unique; pas l’égal de son Père... le Père existait avant la génération du Fils ». Aucun de ces écrivains ne semblait croire que le Saint-Esprit soit une personne. Comment donc expliquer l’avènement de ce dogme dans la doctrine de l’église quatre ou cinq siècles après le temps des apôtres? Un examen des idées religieuses de l’antiquité révèle assez clairement la réponse: c’est que ce dogme de la trinité avait trouvé son origine dans les idées païennes contemporaines, et surtout dans les systèmes hérites du philosophe grec Platon et de Philon, Juif d’Alexandrie en Égypte. Les religions de Babylone, d’Assyrie et d’Égypte avaient toutes leurs trinités — par exemple, celle d’Égypte: Isis, Osiris et Horus. Platon enseignait qu’il y avait des émanations de l’esprit divin, dont la plus importante s’appelait le Logos (mot grec qui signifie « parole ») d’où venait toute la création visible. Platon, semble-t-il, donna même à cette émanation le nom d’un second Dieu. Le Logos, qui n’était que pour commencer une qualité de l’esprit divin, fut à la longue représenté comme une personne. Les chrétiens, dans les années après les apôtres, avaient du mal à accepter l’idée d’un Sauveur crucifié, « scandale pour les Juifs et folie pour les païens » (1 Corinthiens 1: 23), et voulant donc élever le rang de Jésus ils l’identifièrent finalement avec ce Logos, d’ou ils pouvaient croire que Jésus existait avec Dieu dès le commencement.

L’histoire de ce dogme révèle clairement son développement progressif dans les actes des Conciles OEcuméniques de l’église pendant les cinq premiers siècles de l’ère chrétienne. Le premier Concile, celui de Nicée en l’an 325, affirma que le Fils avait la même nature que le Père; le deuxième (Constantinople, 381), ajouta le Saint-Esprit pour faire une trinité; le troisième (Éphèse, 431) attribua à Christ une âme humaine; le quatrième (Chalcédoine, 541) affirma l’union substantielle des deux natures en Jésus-Christ; et le cinquième (Constantinople, 553) que cette union ne constituait qu’une seule personne.

Ainsi fut bâti, pas à pas, un dogme qui est depuis quatorze siècles reçu Presque universellement dans l’église orthodoxe.

Mais pouvons-nous recevoir, sans examen, un dogme qui a mis cinq siècles à se développer, cinq siècles après celui où Jésus a annoncé une fois pour toutes l’évangile, et ses apôtres après lui. De quelle façon les promulgations de ces Conciles OEcuméniques peuvent-elles réclamer une autorité supérieure à celle de la Bible, la seule Parole de Dieu? « Celle-là est la foi authentique qui est la plus ancienne, et celle-ci une corruption qui est plus moderne », écrivit Tertullien. Or, il est indéniable que les apôtres ont essayé de mettre en garde les fidèles contre une apostasie qui s’élèverait dans l’église chrétienne:

« Car il viendra un temps où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine; mais [...] ils se donneront une foule de docteurs selon leurs propres désirs, détourneront l’oreille de la vérité, et se tourneront vers les fables ». (2 Timothée 4: 3, 4).

Puisque c’est seulement dans la Bible que nous pouvons trouver l’enseignement authentique du Fils de Dieu et de ses apôtres, revenons-y sans réserve dans la recherché de la lumière divine sur ce sujet tellement importante.

Dieu le Père

L’unité absolue de Dieu, autant que Sa suprématie, est un principe fondamental de la révélation biblique. Les versets suivants, tirés de l’Ancien Testament, en sont un témoignage:

« Écoute, Israël! L’Éternel, notre Dieu, est le seul Eternel! » (Deutéronome 6: 4);

« Ainsi parle l’Éternel, roi d’Israël et son rédempteur, L’ETERNEL des armées: Je suis le premier et je suis le dernier,

Et hors moi il n’y a point de Dieu » (Ésaïe 44: 6);

« Car ainsi parle l’Eternel, Le créateur des deux, le seul Dieu » (Ésaïe 45: 18);

« Souvenez-vous de ce qui s’est passé dès les temps anciens; Car je suis Dieu, et il n’y en a point d’autre, Je suis Dieu, et nul n’est semblable à moi » (Ésaïe 46: 9).

C’est l’affirmation du monothéisme le plus définitif. Au milieu d’un monde païen où dieux et déesses foisonnaient, les Israélites étaient instruits par leurs saintes écritures à adorer un seul Dieu. Dispersés parmi toutes les nations du monde, ils ont conservé cet attachement au monothéisme le plus rigide, de sorte qu’ils ont eu toujours en aversion le dogme de la trinité. Voilà un témoignage important à l’enseignement de l’Ancien Testament.

Au Nouveau Testament se trouve le même enseignement:

« Car, s’il est des êtres qui sont appelés dieux (c’est-à-dire, par les païens) [...] néanmoins pour nous il n’y a qu’un seul Dieu, le Père. de qui viennent toutes choses et pour qui nous sommes» (1 Cor. 8: 5, 6);

« Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, et parmi tous, et en tous» (Éphésiens 4: 5, 6).

La suprématie de Dieu le Père est incontestable:

« Il fait des vents ses messagers, Des flammes de feu ses serviteurs » (Psaume 104: 4);

« Il ne se fatigue point, il ne se lasse point; On ne peut sonder son intelligence » (Ésaïe 40: 28)

« Ses yeux sont trop purs pour voir le mal » (Habakuk 1: 13);

« Notre Dieu est aussi un feu dévorant »(Hébreux 12: 29);

« Dieu est lumière [...] il n’est point en lui de ténèbres » (1 Jean 1: 5); c’est « le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs, qui seul possède l’immortalité, qui habite une lumière inaccessible, que nul homme n’a vu ni ne peut voir, à qui

appartiennent l’honneur et la puissance éternelle » (1 Timothée 6: 15, 16);

« C’est de lui, par lui et pour lui que sont toutes choses » (Romains 11:36).

Tel est l’unique Dieu de la Bible. Les Écritures mettent toujours une distinction entre Dieu le Père et Jésus-Christ Son Fils.

Voici ce qu’en dit l’apôtre Paul:

« Il n’y a qu’un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses et pour qui nous sommes, et un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui viennent toutes choses et par qui nous sommes » (1 Corinthiens 8: 6);

« Car il y a un seul Dieu, et aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ homme » (1 Timothée 2: 5).

C’est le langage presque invariable de tout le Nouveau Testament où se trouvent des passages trop nombreux à citer, dont plusieurs d’ordre indirect, comme dans l’exemple suivant:

« Je fléchis les genoux devant le Père [...] afin qu’il vous donne, selon la richesse de sa gloire, d’être puissamment fortifiés par son Esprit dans l’homme intérieur, en sorte que Christ habite dans vos coeurs par la foi » (Ephésiens 3: 14-17).

Donc c’est toujours, sans exception, le Père qui a le premier rang; Il agit par Son Esprit, et le caractère du Christ est formé dans les fidèles.

Le Saint-Esprit

Notre race déchue avait, dès ses débuts, un besoin absolu d’une rédemption qu’elle ne pouvait atteindre qu’avec l’aide de Dieu Lui-même. Dans ce but Dieu se manifestait aux hommes pour les instruire et les guider dans Sa voie. Se manifester ouvertement aux pécheurs était impossible; il s’est donc servi fréquemment de Ses anges pour traiter avec les hommes, et s’est manifesté finalement dans la personne de Son Fils, qui a révélé la gloire du Père dans son caractère et dans ses paroles. Mais Dieu s’est manifesté aussi dans tous les âges autrement que par des personnes, et voilà donc l’activité du Saint-Esprit. Prophètes, apôtres et Jésus lui-même, doués de cet Esprit de Dieu, ont pu faire des miracles et parler des vérités divines.

C’est par Son Esprit que Dieu créa le monde et le soutient actuellement. « L’esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux », dit le premier chapitre de la Genèse, dans son récit de la création. « Tu envoies ton Esprit: [les animaux] sont créés, Et tu renouvelles la face de la terre » (PS. 104: 30), c’est-à-dire, en faisant propager les espèces, ce qui est évidemment l’oeuvre de l’Esprit de Dieu.

C’est par Son Esprit que Dieu voit et connaît tout, même les choses les plus cachées, comme témoigne le psalmiste:

« Éternel! tu me sondes et tu me connais, [...] Tu pénètres de loin ma pensée; [...] et toutes mes voies. Car la parole n’est pas sur ma langue, Que déjà, ô Éternel! tu la connais entièrement. [...] Où irais-je loin de ton Esprit,

Et où fuirais-je loin de ta face?Si je monte aux deux, tu es là; Si je me couche au séjour des morts, te voilà.

Si je prends les ailes de l’aurore, Et que j’aille habiter à l’extrémité de la mer, Là aussi ta main me conduira,

Et ta droite me saisira. »

Tout ce passage, Psaume 139: 1-10, est à lire; on ne saurait mieux exprimer l’omniprésence et l’omniscience de l’Éternel, par l’intermédiaire de Son Esprit. Les prophètes, ces hommes choisis exprès par Dieu et doués de puissance miraculeuse,

étaient Ses intermédiaires par moyen de Son Esprit. « Tu donnas [à Israël] des avertissements par ton Esprit, par tes

prophètes » (Néhémie 9: 30). Ces prophètes, comme Michée, se sentaient remplis « de force, de l’esprit de l’Éternel »

(3: 8), car « c’est poussés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu » (2 Pierre 1: 21).

L’activité de l’Esprit de Dieu ne se borne pas à assurer l’inspiration des prophètes; certains individus reçurent des dons particuliers: « L’Éternel descendit dans la nuée, et parla à Moïse; il prit de l’Esprit qui était sur lui, et le mit sur les

soixante-dix anciens. Et dès que l’Esprit reposa sur eux, ils prophétisèrent » (Nombres 11: 25). Voilà un signe manifeste pour tout le peuple d’Israël. A propos de Jésus, nous lisons que « Dieu ne lui donne pas l’esprit avec mesure » (Jean

3: 34); alors le Fils de Dieu a non seulement parlé infailliblement les paroles de Son Père mais aussi il a pu faire des miracles inégalés. Les morts ressuscitèrent, les malades furent guéris, les boiteux coururent, et une femme atteinte d’une perte de sang depuis douze ans n’eut qu’à toucher le bord de son vêtement pour recevoir une guéri son immédiate et totale (Matthieu 9: 20-22). Bon nombre de passages soulignent que l’Esprit de Dieu est Sa puissance: par exemple, l’annonce faite à Marie:

« Le Saint-Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre » (Luc 1: 35); Jésus aux apôtres au moment même de son ascension:

« Mais vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous » (Actes 1: 8);

Etienne « plein de foi et d’Esprit-Saint» était en même temps « plein de grâce et de puissance » (Actes 6: 5, 8);

« Dieu a oint du Saint-Esprit et de force Jésus de Nazareth » (Actes 10:38);

« Et ma parole et ma prédication ne reposaient pas sur les discourse persuasifs de la sagesse, mais sur une démonstration d’Esprit et de puissance » écrivit Paul aux Corinthiens (1 Corinthiens 2: 4).

Les dons du Saint-Esprit furent accordés aux apôtres pour leur permettre de témoigner avec puissance et autorité de la véracité de l’Évangile. Ces hommes, dépourvus enfin du soutien visible de leur Maître, comment auraient-ils pu seuls énoncer sans erreurs les principes du salut et en même temps attirer l’attention des hommes? « Mais le consolateur, l’Esprit-Saint, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit

» (Jean 14: 26); et « Quand le consolateur sera venu, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité [...] et il vous annoncera les choses à venir » (Jean 16: 13). Plus tard, sur le Mont des Oliviers, Jésus leur promit que des miracles accompagneraient leurs paroles:

« Le Seigneur travaillait avec eux, et confirmait la parole par les miracles qui l’accompagnaient » (Marc 16: 20);

« Dieu appuyant leur témoignage par des signes, des prodiges, et divers miracles, et par les dons du Saint-Esprit distribués selon sa volonté » (Hébreux 2: 4).

Il ne paraît pas que ces dons surnaturels aient persisté après la mort des apôtres. Le moyen de les transmettre était presque toujours par l’imposition des mains des apôtres. Philippe était un des sept diacres sur lesquels les apôtres imposèrent les mains à Jérusalem (Actes 6: 3-6); il prêcha plus tard au peuple de la Samarie, dont quelques-uns crurent et se firent baptiser, mais ces nouveaux croyants attendirent l’arrivée des apôtres pour recevoir le Saint-Esprit. Il semble donc probable que Philippe ne pouvait pas le transmettre lui-même (Actes 8: 12, 14-17). Simon, voyant que le Saint-Esprit se faisait transmettre par l’imposition des mains des apôtres « leur offrit de l’argent en disant: Accordez-moi aussi ce pouvoir, afin que

celui à qui j’imposerai les mains reçoive le Saint-Esprit » (Actes 8: 19), passage qui semble prouver que le droit et la capacité de transmettre le dons du Saint- Esprit ne se trouvaient que chez les apôtres. Il s’ensuivrait alors qu’après leur mort ces dons s’éteindraient.

De toute façon les historiens ecclésiastiques s’unissent pour affirmer une forte décroissance des signes miraculeux dès la fin du premier siècle de notre ère. A ce moment-là la Parole Écrite fut achevée, tout homme pouvait lire ou entendre la révélation

complète de l’Évangile du salut, les paroles mêmes de Dieu et de Jésus. A quoi bon prolonger des dons qui n’avaient de toute évidence qu’une valeur temporaire, et cela pour des apôtres à qui la parole écrite manquait. Pour se convaincre que les dons miraculeux furent véritablement retirés dès la fin du premier siècle, il suffit de lire les écrits des dignitaires de l’église du siècle suivant — de Clément, d’Ignace et de Polycarpe, pour n’en citer que les premiers en date. On remarque tout de suite une différence frappante — ces hommes ne font que répéter, d’une façon incolore, ce que les apôtres avaient bien mieux écrit avant eux. Et plus on s’éloigne de l’âge des apôtres, plus la différence frappe, plus les écrits deviennent fantaisistes ou superficiels. Il serait impossible d’avoir meilleure preuve de la valeur indispensable du Saint-Esprit aux apôtres, cet esprit de

vérité, sans lequel ils n’auraient pas été conduits dans toute la vérité, n’auraient pas rappelé tout ce que Jésus leur avait dit, et n’auraient pu annoncer les choses à venir. L’apôtre Paul lui-même s’attendait, semble-t-il, à la fin de ces dons miraculeux. Aux

Éphésiens il écrivit que Dieu avait établi certains dans l’église comme évangélistes, pasteurs, docteurs « pour le perfectionnement des saints en vue de l’oeuvre du ministère et de l’édification du corps de Christ, jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ » (Éphésiens 4: 12, 13), c’est-à-dire, peut-être, jusqu’à ce que la communauté chrétienne ait atteint une compréhension profonde des principes de Évangile et de la vie en Christ. Les croyants ne seraient alors plus

« des enfants, flottants et emportés à tout vent de doctrine», mais pourraient croître « à tous égards en celui qui est le chef, Christ» (versets 14-15).

Ayant traité au chapitre 12 de la première épître aux Corinthiens de l’usage légitime et de l’abus des dons de l’Esprit, Paul termine son discours comme voici: « Aspirez aux dons les meilleurs. Et je vais encore vous montrer une voie par excellence » (1 Corinthiens 12: 31). Suit son célèbre passage dans le treizième chapitre sur « l’amour chrétien », couronne de

la vie chrétienne, infiniment supérieur aux dons même les plus éclatants. Jusqu’ici nous pouvons dire avec raison que la Bible nous présente le Saint-Esprit comme la puissance de Dieu. Mais on pourrait objecter qu’il existe des passages où le Saint-

Esprit apparaît comme une personne; par exemple:

« Quand le consolateur sera venu, l’Esprit de vérité, [...] il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu’il aura entendu » (Jean 16: 13);

« Le Saint-Esprit dit: Mettez-moi à part Barnabas et Saul pour l’oeuvre à laquelle je les ai appelés » (Actes 13: 2);

« N’attristez pas le Saint-Esprit de Dieu » (Éphésiens 4: 30);

« L’Esprit dit expressément » (2 Timothée 4: 1);

« L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit » (Romains 8: 16).

Cependant on n’a qu’à lire le contexte de tels passages et à se poser ensuite cette question: « Est-il vraiment possible de distinguer clairement ici entre le Saint-Esprit et Dieu? », pour s’apercevoir qu’une telle distinction est inconcevable. Il est impossible d’envisager l’existence de l’un sans l’autre, puisque c’est toujours Dieu qui travaille par moyen de Son Esprit. Quand l’Esprit poussait les prophètes à écrire, donnait des orders aux apôtres, énonçait un principe, c’était toujours et invariablement Dieu Lui-même qui agissait. Le blasphème contre le Saint-Esprit, refus de reconnaître que les signes

miraculeux de Jésus provenaient de Dieu, c’était le blasphème contre la puissance de Dieu, autrement dit contre Dieu Lui-même. (Matthieu 12: 31, 32).

Enfin, et d’une façon qui concorde tout à fait avec le témoignage déjà examiné, la Bible nous présente toujours le Saint-Esprit comme soumis au Père et au Fils. « Le Père [...] vous donnera un autre consolateur » (Jean 14: 16); « L’Esprit-Saint que le Père enverra en mon nom » (verset 26); « Le consolateur, que je vous enverrai » (c’est Jésus qui parle) « de la part

du Père » (Jean 15: 26). La Bible ne nous présente donc nulle part le Saint-Esprit comme une personne, encore moins comme une personne coexistant avec le Père et égale en autorité. Elle nous le présente comme la puissance de Dieu le Père, par laquelle il créa le monde, et le soutient depuis, par laquelle Il inspira Ses prophètes; puissance qu’Il a versée sur Son Fils en abondance et dont Il a doué les apôtres pour assurer l’efficacité de leur prédication; puissance qui est toujours active en silence, pour attirer les hommes prêts à l’écouter.

Jésus-Christ, Fils de Dieu

Nous abordons maintenant un sujet des plus difficiles, entouré de speculations philosophiques et d’idées fausses. On n’oserait pourtant surestimer son importance, car la manifestation du Père en la personne de Son Fils est la plus complète qu’Il ait jamais accordée aux hommes. Connaître le Fils, c’est comprendre la signification de Son oeuvre de rédemption, l’Évangile du salut même, et sans cette compréhension-là nous périrons éternellement. Une observation tout d’abord: l’expression « Dieu le Fils » ne se rencontre jamais dans la Bible, ce qui est vraiment extraordinaire si le dogme de la trinité est juste. En revanche,

l’expression « Fils de Dieu» se trouve un peu partout dans le Nouveau Testament. Voici une certitude: le Fils n’existait qu’à partir d’un moment donné. C’est-à-dire, il y eut un temps où le Fils n’existait pas:

« L’Éternel m’a dit; Tu es mon fils! Je t’ai engendré aujourd’hui »(Psaume 2: 7).

Les versets qui suivent cette citation nous révèlent comment ce « fils » de l’Éternel aura pour héritage les nations du monde, possédera les extrémités de la terre, de sorte qu’il est tout à fait évident que c’est de Jésus-Christ qu’il s’agit. On prétend d’habitude que ce passage traite de la naissance de Jésus-Christ homme, sans faire allusion au « Fils éternel» qui existait depuis toujours au ciel (ce qui serait à prouver). Paul cite ce passage, mais dans le contexte de la résurrection de Jésus et de son investissement d’immortalité: « Cette bonne nouvelle [...] Dieu l’a accomplie [...] en ressuscitant Jésus

selon ce qui est écrit dans le Psaume deuxième: Tu es mon fils, Je t’ai engendré aujourd’hui » (Actes 13: 33).

Certes, Jésus était le Fils de Dieu dès le moment de sa naissance; combien plus dès le moment où il a revêtu l’immortalité pour partager la même nature que son Père! Paul dit que Jésus a été vraiment engendré dès ce moment-là; comment donc le Fils aurait-il pu exister antérieurement au ciel, jouissant déjà de l’immortalité? Ce passage semble donc prouver que Jésus a été engendré à un moment donné, dans un premier sens dès sa naissance, et dans un deuxième sens quand son corps mortel a revêtu l’immortalité.

En fait les auteurs bibliques nous présentent le Fils comme jouissant d’une existence tirée de son Père. L’ange dit à Marie:

« Le Saint-Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu » (Luc 1: 35). Quand ils parlent de Jésus, il n’est jamais question de sa co-existence ni de son égalité avec le Père. Jésus reconnaissait toujours sa dépendance vis-à-vis de son Père, et se soumettait à Lui en toutes choses: « Comme le Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné au Fils d’avoir la vie en lui-même » (Jean 5: 26);

« Je donne ma vie [...] j’ai le pouvoir de la donner, et j’ai le pouvoir de la reprendre: tel est l’ordre que j’ai reçu de mon Père » (Jean 10: 18);

« Je ne puis rien faire de moi-même » (Jean 5: 30);

« Ma doctrine n’est pas de moi, mais de celui qui m’a envoyé » (Jean 7:16);

« Je rends témoignage de moi-même, et le Père qui m’a envoyé rend témoignage de moi » (Jean 8: 18);

« Pour ce qui est du jour ou de l’heure [de son avènement], personne ne le sait, ni les anges dans le ciel, ni le Fils, mais le Père seul » (Marc 13: 32).

Donc, le Fils lui-même croyait avoir reçu ordres, paroles, doctrines, vie même, de son Père. Il attribuait au Père seul la connaissance de l’avenir; même après sa résurrection il gardait les mêmes façons de parler:

« Va trouver mes frères, et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu » (Jean 20: 17).

Même ressuscité c’est toujours le Fils soumis. La Bible nous enseigne que Jésus était un homme, participant à la même chair et à la même nature que les autres hommes. Né d’une femme (Galates 4: 4), fils de David et fils d’Abraham,

« cet homme à qui Dieu a rendu témoignage devant vous [...] cet home [...] vous l’avez crucifié, vous l’avez fait mourir par la main des impies » (Actes 2: 22, 23), dit l’apôtre Pierre en parlant aux Juifs;

« Puisque les enfants participent au sang et à la chair, il y a également participé lui-même [...], il a dû être rendu semblable en toutes choses à ses frères » (Hébreux 2: 14, 17).

Et dans le passage suivant, tiré toujours de cette même épître aux Hébreux, l’écrivain nous fait apprendre que Jésus

« dans les jours de sa chair, a présenté avec de grands cris et avec larmes des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, et il a été exaucé à cause de sa piété. Il a appris, bien qu’il soit Fils, l’obéissance par les choses qu’il a souffertes; après avoir été élevé à la perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent l’auteur d’un salut éternel » (Hébreux 5: 7-9).

On n’a qu’à lire avec soin ce passage pour tirer la conclusion que son enseignement contredit totalement le dogme de la trinité. Ces cris, ces larmes, ces prières et ces supplications étaient les expressions angoissées d’une véritable souffrance. Comment «

Dieu le Fils », descendu du ciel pour s’incarner dans la nature humaine aurait-il pu vraiment sentir une telle angoisse? N’aurait-il pas su infailliblement qu’il ne jouait qu’un rôle temporaire, qu’il venait de descendre du ciel et qu’il y remonterait sous peu? Quel besoin de prier ardemment le Père de le « sauver de la mort », ou « d’apprendre l’obéissance », ou d’être « élevé à la perfection »? L’enseignement de la Bible n’entraîne nullement de telles difficultés. Jésus, Fils de Dieu par le Saint-Esprit, né d’une femme, était un homme, semblable en toutes choses à ses frères. Nous pouvons apprécier le caractère littéral et radical de son humanité en nous rappelant son cri d’angoisse au moment de sa mort:

« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as tu abandonné? » (Marc 15: 34).

Conformément à ce qui précède, la Bible nous enseigne que la résurrection de Jésus a été l’oeuvre du Père tout seul, le Fils n’y pouvant rien:

« Jésus de Nazareth [...] vous l’avez fait mourir par la main des impies. Dieu l’a ressuscité, en le délivrant des liens de la mort » (Actes 2: 22-24).

Aucun besoin d’ajouter à ce témoignage, mais les versets qui l’affirment sont nombreux. Ce qui est d’une importance capitale, cependant, c’est de se rendre compte de la relation subsistant entre le Père et le Fils après la résurrection de celui-ci, c’est-à-dire quand Jésus avait revêtu l’immortalité et qu’il était monté aux cieux. Selon le dogme de la trinité n’aurait-il pas repris alors son ancienne position comme élément inséparable de la Déité, jouissant de l’égalité avec le Père? Le tableau que nous brossent les apôtres est tout autre.

Dabord:

« Élevé par la droite de Dieu, il a reçu du Père le Saint-Esprit qui avait été promis, et il l’a répandu [...] Que toute la maison d’Israël sache donc avec certitude que Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié » (Actes 2: 33, 36).

Jésus, ressuscité, immortel, élevé au plus haut rang, est toujours soumis au Père, de qui il reçoit les honneurs et les dons à accorder à ses disciples. Cette idée de l’infériorité continuelle de Jésus au Père se rencontre partout dans le Nouveau Testament:

« Vous êtes à Christ, et Christ est à Dieu » (1 Corinthiens 3: 23);

« Je veux cependant que vous sachiez que Christ est le chef de tout homme, que l’homme est le chef de la femme, et que Dieu est le chef de Christ »(1 Corinthiens 11: 3);

« [Jésus] a été crucifié à cause de sa faiblesse, mais il vit par la puissance de Dieu » (2 Corinthiens 13: 4) (ce qui veut dire qu’il ne vivait pas par sa propre puissance);

« Dieu l’a souverainement élevé, et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin que [...] toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père » (et non pas à celle du Fils) (Philippiens 2: 9-11).

A peu près soixante ans après sa résurrection et son ascension, Jésus a transmis aux communautés chrétiennes de l’Asie Mineure un dernier message par l’intermédiaire de l’apôtre Jean. C’est le livre de l’Apocalypse, « révélation de Jésus-Christ, que Dieu lui a donnée » (Apocalypse 1: 1). Dans sa lettre à l’église de Sardes Jésus a promis:

« Celui qui vaincra sera ainsi revêtu de vêtements blancs [...] et je confesserai son nom devant mon Père et devant ses anges » (Apocalypse 3: 5).

Et dans celle adressée à l’église de Philadelphie:

« Celui qui vaincra, je ferai de lui une colonne dans le temple de mon Dieu, et il n’en sortira plus; j’écrirai sur lui le nom de mon Dieu, et le nom de la ville de mon Dieu, de la nouvelle Jérusalem qui descend du ciel d’auprès de mon Dieu, et mon nom nouveau » (Apocalypse 3: 12).

Il faut trancher: c’est le Seigneur ressuscité, glorifié et souverainement élevé qui parle ici, plusieurs années après son ascension pour s’asseoir à la droite du Père. Pourrait-on mieux démontrer que cette soumission à son Père, qui caractérisait les jours de sa chair, fait toujours partie de sa conduite actuelle? Comment réconcilier ce langage avec la these trinitaire?

Mais le plus saisissant est encore à suivre. Dans le quinzième chapitre de la première épître aux Corinthiens, l’apôtre Paul fait l’exégèse de la résurrection des morts. Jésus est ressuscité le premier, puis ceux qui appartiennent à Christ lors de son avènement (verset 23), c’est-à-dire de son retour sur la terre. Ce qui suit vaut la peine d’être cité dans son intégralité:

« Ensuite viendra la fin [du règne de Jésus sur la terre], quand il remettra le royaume à celui qui est Dieu et Père, après avoir réduit à l’impuissance toute domination, toute autorité et toute puissance. Car il faut qu’il règne

jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds. Le dernier ennemi qui sera réduit à l’impuissance, c’est la mort. Dieu, en effet, a tout mis sous ses pieds. Mais lorsqu’il dit que tout lui a été soumis, il est evident que celui [Dieu] qui lui a soumis toutes choses est excepté. Et lorsque toutes choses lui auront été soumises, alors le Fils lui-même sera soumis à celui [Dieu] qui lui a soumis toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous » (1 Corinthiens 15: 24-28).

Passage bouleversant! Le sens est sans ambiguïté. Même plusieurs millénaires après sa résurrection — le moment de sa glorification et de son élévation — le Fils sera toujours soumis au Père. Saurait-on exprimer plus catégoriquement la suprématie absolue du Père et la soumission gracieuse de Son Fils bien-aimé, et donc mieux souligner la discordance

entre l’enseignement de la Bible et les idées trinitaires?

Examen de passages divers

Parmi les passages cités pour soutenir la thèse de la co-existence et de la co-égalité du Père et du Fils, voici deux qui sont souvent proposés:

1 « Moi et le Père nous sommes un» (Jean 10: 30).

Il est remarquable que, dans toutes les controverses qui secouaient l’église chrétienne dans l’ère suivant celle des apôtres, ce passage n’est jamais cité pour appuyer les idées trinitaires. Tous les pères de l’église primitive y voient une allusion à l’unité d’esprit, de caractère et de volonté qui subsistait entre Jésus et son Père. Au chapitre 17 du meme évangile se trouve la corroboration de cette idée: « Père saint, garde en ton nom ceux que tu m’as donnés, afin qu’ils soient un comme nous. [...] Ce n’est pas pour eux seulement que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole, afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu’eux aussi soient un en nous » (Jean 17: 11 (marge), 20, 21). C’est l’harmonie spirituelle qui doit subsister entre le Père, le Fils et ses disciples. Il n’est guère besoin d’insister pour démontrer qu’il n’y a ici aucun soutien trinitaire.

2 « Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ; existant en forme de Dieu, il n’a point regardé son égalité avec Dieu comme une proie à arracher, mais il s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes; et il a paru comme un vrai homme, il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort. même jusqu’ à la mort de la croix » (Philippiens 2: 5-8).

Voilà un passage qui semble, à première vue, plus proche de l’idée trinitaire; mais notons d’abord que c’est l’humilité et la soumission de Jésus que l’apôtre Paul voulait faire ressortir. « Ayez en vous les sentiments de Jésus», disait-il. Il existait « en forme de Dieu» parce qu’il était « l’empreinte de sa personne» (Hébreux 1: 3), la représentation en chair humaine du Père, surtout en ce qui concernait Son caractère. « Il s’est dépouillé luimême, en prenant une forme de serviteur», c’est-à-dire, il s’est dépouillé de tout orgueil, de tout rang élevé auquel il aurait pu aspirer même dans les jours de sa chair en vertu de

sa qualité de Fils de Dieu; il a pris plutôt le rôle d’un serviteur, et s’est humilié. Devenir égal avec Dieu, c’est-à-dire atteindre la même nature spirituelle et immortelle que Dieu, ce serait la grande récompense de son obéissance; mais à la différence d’Adam, ce premier fils de Dieu qui tendit la main pour arracher le fruit à l’arbre de la connaissance du bien et du mal, Jésus « n’a point regardé comme une proie à arracher d’être égal», avec Dieu; il s’est soumis bien qu’il soit fils. Voilà la leçon que l’apôtre voulait enseigner dans ce passage. Quant à être littéralement égal avec Dieu, comme nous avons déjà constaté Jésus ne l’a jamais été et ne l’est toujours point.

La « descente du ciel »

Il existe aussi certains passages sur lesquels s’appuient ceux qui veulent affirmer la préexistence littérale et personnelle de Jésus au ciel avant sa conception dans le ventre de Marie. Par exemple: « Le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde » (Jean 6: 33);

« C’est de Dieu que je suis sorti et que je viens [...] c’est lui qui m’a envoyé » (Jean 8: 42);

« Et maintenant toi. Père, glorifie-moi auprès de toi-même de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde soit » (Jean 17: 5);

« Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu » (Jean 1: 1).

Avant de tenter une explication de ces versets, nous devons nous rappeler les faits incontestés de la vie de Jésus: il est né par la puissance de Dieu, le Saint-Esprit; il a crû en sagesse et en grâce devant Dieu et devant les hommes; il s’est fait baptiser par Jean- Baptiste pour « accomplir ainsi tout ce qui est juste »; « il a été crucifié à cause de sa faiblesse», et maintenant « il vit par la puissance de Dieu » (2 Cor. 13: 4). Comment réconcilier ces faits avec la proposition que Jésus est descendu littéralement et personnellement du ciel?

Mais sommes-nous certains que cette idée de la « descente» de Jésus doit être prise dans un sens littéral? Surtout après un examen de Jacques 3: 15-17 où il est question d’une toute autre « descente »: « Cette sagesse n’est point celle qui vient d’en haut; mais elle est terrestre, charnelle, diabolique [...] La sagesse d’en haut est premièrement pure, ensuite pacifique, modérée, conciliante, pleine de miséricorde et de bons fruits » (Jacques 3: 15-17).

L’homme dont cette sagesse « d’en haut» (mot grec anothen) a influencé le coeur a été régénéré, « non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la parole vivante et permanente de Dieu » (1 Pierre 1: 23). Autrement dit, il est né de Dieu. C’est comme disait Jésus en parlant à Nicodème:

« En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau (mot grec anothen), il ne peut voir le royaume de Dieu » (Jean 3: 3); Et plus loin: « Si un homme ne naît d’eau (par le baptême) et d’Esprit (son esprit est illuminé par cette sagesse d’en haut), il ne peut entrer dans le royaume de Dieu » (Jean 3: 4-5). Jésus lui-même était le meilleur exemple de cette naissance d’en haut. Mais il n’était pas le seul homme « envoyé de Dieu». Jean-Baptiste avait cet honneur-là aussi (voir Jean 1:6), mais personne ne propose que Jean-Baptiste soit littéralement descendu du ciel. Le caractère et l’esprit de Jésus avaient leur origine en Dieu, de sorte que le Fils était la plus parfaite manifestation de l’esprit de Dieu, de Sa vérité et de Sa miséricorde, et la plus éclatante condamnation de l’esprit de la chair; « Car Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même » (2 Corinthiens 5: 19). C’est ce que Paul appelait « le mystère de la piété»: « Dieu a été manifesté en chair » (1 Timothée 3: 16). Le résultat de cette manifestation unique, Jésus-Christ Fils de Dieu, pouvait bien affirmer qu’il venait de son Père, qu’il descendait du ciel dans un sens spirituel!

L’idée de la préexistence de Jésus

Il faut constater qu’il y a un groupe de passages bibliques où il est question de préexistence, mais pas de celle de Jésus. A savoir:

« Venez,, vous qui êtes bénis de mon Père; prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde » (Matthieu 25: 34); « Car ceux que [Dieu] a connus d’avance, il les a aussi prédestinés» (Romains 8: 29); « En [Christ] Dieu nous a élus avant la fondation du monde » (Éphésiens 1: 4); « [Dieu] nous a sauvés [...], non à cause de nos oeuvres, mais selon son propre dessein, et selon la grâce qui nous a été donnée en Jésus-Christ avant les temps éternels» (2 Timothée 1: 9).

Or, il est évident que prendre ces expressions au pied de la lettre est impossible; le royaume dont jouiront les justes n’existait pas dès la fondation du monde puisqu’il n’est pas encore établi; les justes eux-mêmes n’existaient pas alors non plus, pour recevoir cette grâce et cette élection par lesquelles ils seront sauvés. Deux expressions, cependant, portent une signification particulière: Dieu a « connu d’avance »; il a fait tout « selon son propre dessein ». Ayant une préconnaissance parfaite de l’avenir, Dieu pouvait parler de ceux qui n’avaient encore point d’existence comme s’ils existaient littéralement, tant Il avait la certitude de pouvoir accomplir Son dessein. Au prophète Jérémie Dieu a pu dire:

« Avant que je t’aie formé dans le ventre de ta mère, je te connaissais, et avant que tu sois sorti de son sein, je t’avais consacré, je t’avais établi prophète des nations » (Jérémie 1: 5).

Si Dieu avait cette préconnaissance exacte du caractère et du rôle d’un prophète, combien plus de Son Fils, la manifestation de Lui-même en chair? Ainsi Pierre déclare-t-il:

« Vous avez, été rachetés [...] par le sang précieux de Christ, comme d’un agneau sans défaut et sans tache, prédestiné avant la fondation du monde, et manifesté à la fin des temps, à cause de vous » (1 Pierre 1: 18-20).

De même Jésus pouvait dire aux Pharisiens:

« Avant qu ‘Abraham fut, je suis » (Jean 8: 58);

Et Paul explique comment cela était possible; « Selon le dessein éternel qu’il a mis a exécution par Jésus-Christ notre Seigneur » (Éphésiens 3: 11), dessein où dès le début Jésus entrait comme élément indispensable, pour être manifesté en chair, c’est-à-dire, pour recevoir une existence personnelle et individuelle, au moment de sa naissance de Marie par le Saint-Esprit. C’est cette « sagesse » et ce « dessein » don’t parlait Jean au début de son évangile:

« Au commencement était la Parole » Le mot « Parole» ici est la traduction du mot grec logos, qui signifie pensée ou raison, et par extension la parole qui exprime la pensée ou la raison. Dès le commencement Dieu avait arrêté Son dessein; et au moment voulu la Parole a été faite chair — Jésus est né. Dans quelques passages assez rares, le nom « Dieu» s’applique à Jésus lui-même:

« On rappellera Admirable, Conseiller, Dieu Puissant, Père Éternel, Prince de la paix » (Ésaïe 9: 5).

Il n’est guère difficile de comprendre cet usage; Jésus, étant la manifestation de son Père, agit en toutes choses pour Lui, Le représentera surtout dans le royaume qui sera établi sur la terre; il jouira de la puissance de Dieu (et sera donc « Dieu Puissant»); il sera plus précisément « père de l’éternité », traduction plus précise du texte hébreu, c’est-à-dire « père» de tous ceux qui hériteront par lui la vie éternelle; il est enfin Emmanuel, ce qui signifie « Dieu avec nous » (voir Matthieu 1: 23). Mais cette élévation de Jésus est un honneur qui lui est accordé par la faveur de son Père. Jamais Jésus ne s’en arroge le droit lui-même. Dans un certain sens Jésus est Dieu; mais son Père est toujours honoré comme supérieur à lui; comme dit l’apôtre en citant un psaume:

« C’est pourquoi, ô Dieu, ton Dieu t’a oint D’une huile de joie » (Hébreux 1: 9); et Jésus lui-même:

« Je monte à mon Dieu et à ton Dieu » (Jean 20: 17).

Par contraste avec le dogme compliqué et contradictoire de la trinité, l’enseignement biblique sur le Père, le Fils et le Saint-Esprit s’avère simple et harmonieux. Dieu, le Père à qui seul appartiennent « gloire, majesté, force et puissance, dès avant tous les temps, et maintenant, et dans tous les siècles» (Jude 25), se manifesta en chair par la puissance de Son Saint-Esprit; Jésus naquit et devint le Sauveur de tous ceux qui s’approchent de Dieu par lui. Rappelons-nous encore les paroles solennelles qu’on a citées à la tête de cet ouvrage:

« La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ » (Jean 17: 3).

Dans la Bible seule nous pouvons trouver les bases de cette connaissance précieuse. La Bible peut nous aider à éviter les erreurs philosophiques et religieuses qui toutes ont leur origine dans l’esprit humain; elle peut nous servir de guide et de lumière dans un monde ténébreux et égaré. Prions donc notre Père, par Jésus-Christ Son Fils, qu’Il bénisse richement notre lecture de Sa sainte Parole.

F.T. Pearce

Si cet ouvrage a intéressé le lecteur, il peut se procurer d’autres livrets, gratuitement et sans aucun engagement, en écrivant aux Christadelphes à l’adresse indiquée ci-dessous.

Carelinks, PO Box 152, Menai NSW 2234 AUSTRALIA